Le piratage musical surfe sur la crise

950 millions de disques pirates ont été vendus dans le monde en 2001, 1,9 milliard d'enregistrements au total en y ajoutant les cassettes, pour un chiffre d'affaires de 4,3 milliards de dollars. Un nouveau record, selon les comptes établis par l'IFPI (International Federation of the Phonographic Industry), la principale organisation internationale du secteur. Et un record d'autant plus notable que le ralentissement économique a fait reculer le marché "légal" du disque de 5% l'an dernier (lire ci-contre)Au total, souligne le rapport annuel de l'IFPI, deux enregistrements musicaux sur cinq vendus sur la planète sont pirates. La musique illégale est donc une activité prospère. Et pour l'organisation, le responsable de la forte hausse du phénomène l'an dernier a un nom, qui s'épèle en trois lettres : CD-R. Le disque compact enregistrable, qui permet une copie rapide et parfaite des enregistrements, facilite la vie des acteurs de l'économie parallèle de la musique. Selon l'IFPI, les ventes de CD-R pirates ont ainsi bondi de 48% en 2001, pour atteindre 450 millions d'unités, rattrapant presque les disques pirates "pressés" en usine, dont les ventes n'ont que légèrement progressé à 500 millions d'unités. La popularité du CD-R a cependant eu pour effet de casser les prix, et donc de limiter à 2,4% la hausse du chiffre d'affaires illégal du secteur. Mais l'IFPI souligne que "l'étude valorise le marché illégal sur la base des prix pirates et n'estime pas les pertes subies par le secteur, qui sont bien supérieures à 4,3 milliards de dollars". Selon l'organisation, les ventes pirates dépassent encore les ventes légales dans 25 pays du monde, contre 21 l'an dernier, principalement en Asie et en Amérique latine, mais aussi en Russie, au Mexique et même en Grèce. Les cinq premiers marchés de la musique pirate restent la Chine, la Russie, le Brésil, l'Indonésie et le Mexique. Un classement fortement lié à la taille de ces marchés. En revanche, les pays producteurs d'enregistrements pirates sont ceux qui disposent des appareils industriels nécessaires, parmi lesquels Taiwan, Hong Kong, la Chine, l'Inde, Singapour ou la Malaisie. Et l'IFPI estime que la crise du secteur légal a favorisé la fabrication d'enregistrements pirates "industriels" : "les surcapacités et l'intensification de la concurrence dans l'industrie de la réplication, alimentées par la baisse de la demande légale de disques et les sur-investissements" constituent ainsi la principale explication à la hausse de la production pirate. Celle-ci, comme toute activité industrielle, profite aussi de la baisse des barrières à l'entrée. Autres phénomènes relevés par l'étude : les nouvelles sorties sont piratées de plus en plus tôt, allant jusqu'à se retrouver sur le marché parallèle avant même le lancement officiel. Le répertoire pirate continue en outre de s'élargir. "Le pillage et le téléchargement sur Internet ont beaucoup aidé les pirates dans ce domaines", souligne l'IFPI, qui note que 99% des fichiers musicaux transitant sur le Web violent la législation en vigueur. Redoutant désormais la menace du DVD pirate, l'organisation en appelle aux gouvernements pour qu'ils ne transforment pas leurs pays en "sanctuaires pour les pirates en régularisant les usines de production de CD". Mais sans illusion, les industriels continuent leur propre combat contre le piratage : l'an dernier, ils ont fait saisir 45 millions de copies pirates, 10 millions de CD-R enregistrés (trois fois plus qu'en 2000) et 19 millions de CD-R vierges, contre moins d'un million l'année précédente. Ils ont aussi obtenu la fermeture de 42 lignes de production industrielle de CD, soit une capacité de production équivalant à la taille du marché britannique.
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