KaZaA change de mains et reprend du service

La nouvelle ne fera sans doute pas plaisir aux participants du MidemNet, le sommet de la musique sur Internet, ouvert lundi à Cannes en marge du Midem 2002. Le service d'échange de fichiers en ligne KaZaA, l'une des nouvelles bêtes noires des majors du disque, que l'on croyait menacé après l'ouverture d'une action judiciaire à son encontre, se relance après avoir changé de propriétaire. La société néerlandaise KaZaA BV, conceptrice et éditrice du service sur la base de technologies "peer to peer" (qui permettent l'échange de fichiers sans le recours à un serveur central), a en effet cédé tous ses actifs, à commencer par le site www.kazaa.com, à l'entreprise australienne Sharman Networks. Celle-ci, inconnue du grand public et discrète sur les conditions de l'opération, met donc la main sur le logiciel KaZaA et sur la licence de la technologie FastTrack, créée par un Suédois, Niklas Zennstrom, et utilisée par deux autres "clones" de Napster, Morpheus et Grokster.Première conséquence : les internautes peuvent de nouveau télécharger le logiciel permettant l'échange de fichiers, un téléchargement suspendu jeudi dernier pour répondre à une injonction judiciaire, tandis que les échanges de fichiers restaient possibles. Fin décembre, un tribunal néerlandais, saisi par les représentants de plusieurs majors du disque et associations professionnelles du secteur, avait ordonné à KaZaA BV d'empêcher le partage de fichiers protégés. En vain : la société avait répondu que cela lui était impossible, en raison de la nature même des technologies employées. Le changement de propriétaire de KaZaA, qui n'est désormais plus soumis à la législation néerlandaise, ne met pas forcément un terme à l'offensive judiciaire à son encontre. Même si certains plaignants se disent prêts à négocier, comme la Buma Stemra, l'équivalent de la Sacem française : "nous pensons qu'il existe toujours un moyen de poursuivre une activité légale pour Kazaa. Notre métier n'est pas de faire fermer des sites mais d'accorder des licences pour pouvoir écouter de la musique en ligne en toute légalité" a ainsi expliqué Cess Vervoord, son président, en visite au Midem. Interrogé par latribune.fr, Cees Vervoord a précisé que les deux parties avaient la farouche volonté de travailler ensemble mais que des négociations très dures allaient s'engager pour en déterminer les conditions. "Kazaa est prêt à souscrire à notre système et nous sommes prêts à les accueillir" a t-il ainsi confié. Revendiquant 30 millions de téléchargements depuis sa création - et deux nouveaux à chaque seconde depuis hier - KaZaA prend néanmoins un peu plus de précautions qu'auparavant : la page d'accueil du site souligne que KaZaA "ne pardonne pas les activités et actions violant le copyright des artistes et des ayant-droits". Un avertissement probablement ignoré par la majorité des 400 à 500.000 internautes connectés à chaque instant au réseau. KaZaA et Morpheus, dont le décollage date de la fermeture de Napster l'an dernier, "sont les services d'échanges de musique numérique qui connaissent la plus forte croissance", soulignait il y a quelques jours Aram Sinnreich, analyste de Jupiter Media Metrix. Selon le site spécialisé Webnoize, ils ont dû, avec Grokster, dépasser dès le mois de novembre le nombre d'utilisateurs simultanés atteint par Napster à son apogée, soit 1,57 million. Marc Angrand, avec Thierry Michel à Cannes.
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