Photoways vise le premier plan du tirage photo en ligne

Après un démarrage tardif, le succès de la photo numérique ne se dément pas en France : le parc d'appareils numériques devrait doubler dans l'Hexagone cette année, pour s'approcher des deux millions d'unités, contre 25 millions d'appareils argentiques. Un phénomène qui profite aux constructeurs d'appareils, bien sûr, mais aussi à deux autres catégories d'acteurs du marché : les spécialistes de l'impression (Hewlett-Packard, Epson et autres Canon), et les sites spécialisés. Ceux-ci offrent plusieurs services aux amateurs de photo numérique : la capacité de stocker leurs photos sur les serveurs du site, de les organiser en albums et de les "partager" avec leur entourage, mais surtout la possibilité de commander en ligne des tirages, envoyés par courrier quelques heures ou quelques jours plus tard. Bien décidé à profiter de cet engouement, Photoways est aujourd'hui l'un des premiers sites de photo français. Créé fin 1999, Photoways revendique 100 nouveaux clients par jour et surtout 200 commandes quotidiennes de tirages, avec un panier moyen de 15 euros. Le base de clientèle comprend désormais 18.000 comptes, contre 5.000 en janvier. Au total, la progression du chiffre d'affaires est d'environ 40% par mois. Soit plus de 50.000 euros de ventes en mai, un chiffre quadruplé en six mois. "Nous ne sommes qu'au début de la croissance, assure Michel de Guilhermier, président-fondateur de l'entreprise. Outre le doublement du parc d'appareils, nous profitons de l'essor du haut débit, qui facilite et accélère le téléchargement des fichiers sur les sites".Sur sa lancée, Photoways affiche ses ambitions : le site vise pour janvier prochain 45.000 clients et un chiffre d'affaires mensuel de 270.000 euros. Le seuil de rentabilité, lui, devrait avoir été atteint dès septembre, Photoways profitant de l'afflux des commandes au retour des vacances. Pour Michel de Guilhermier, "il faudrait arriver à 100.000 clients avant que Kodak et Fuji arrivent, fin 2003". Avec un panier moyen prévisionnel de 60 euros annuels par client, le site vise trois millions d'euros de chiffre d'affaires l'an prochain, et 15 millions l'année suivante en intégrant le développement international.Si la viabilité du site est désormais assurée - Photoways a encore 400.000 euros de trésorerie alors que sa rentabilité d'exploitation est à portée de main - Michel de Guilhermier exclut de consacrer beaucoup d'argent à la croissance. "Il n'est pas question de faire de l'acquisition de clients à tout va, souligne-t-il. En mai, nous n'avons pas dépensé plus de 3.000 euros en marketing". Le site privilégie les partenariats avec des sites online, comme Kelkoo, pour offrir des essais gratuits de son service. Les Américains arrivent. Face à Photoways, le paysage concurrentiel s'organise en trois ensembles. Du côté des start-up, Wistiti, très en vogue il y a deux ans, a cessé tout activité de tirage en propre et réoriente ses visiteurs vers trois sites extérieurs, dont Photoways, qui revendique 70% de part de marché sur les commandes passant par Wistiti. Les deux autres, Photoreflex et Photoweb, semblent peiner à poursuivre leur développement. Reste un étranger, Colormailer : d'origine suisse, le site est présent dans une quinzaine de pays et table, pour se développer, sur sa bonne réputation et ses accords avec Sony, Agfa mais surtout Microsoft. Son offre est en effet intégrée dans l'édition européenne de Windows XP, la dernière version du système d'exploitation leader mondial. "Nous nous surveillons mutuellement", reconnaît Michel de Guilhermier. Autre pan de la concurrence : les grands noms du marché de la photo, comme Fuji ou Kodak, ou du tirage, comme Fnac ou Photo-Service. Ces derniers tablent pour l'instant plus sur leurs réseaux de magasins, la Fnac ayant un partenariat fort avec Fuji. Ce dernier a lancé il y a deux ans Fujifilmnet, son propre site de stockage et de commande. Quant à Kodak, il affiche de grandes ambitions sur le marché du numérique, pour l'instant pas concrétisées en France. "Kodak ou Fuji tirent l'essentiel de leurs profits de la pellicule, explique Michel de Guilhermier. Ils doivent donc gérer une transition en douceur vers le numérique sans nuire à leurs propres intérêts". Ce que craint le plus le fondateur de Photoways, ce sont en fait les grands sites spécialisés américains, dont la volonté d'expansion en Europe est clairement affichée. Ofoto, dont Hewlett-Packard est actionnaire, et surtout Shutterfly, préparent donc leur débarquement sur le Vieux continent. "Shutterfly réalise environ un million de dollars de chiffre d'affaires par mois et a levé 70 millions de dollars depuis sa création. Moi à peine deux millions d'euros", soupire Michel de Guilhermier. "J'investis surtout sur ce qui me donnera un avantage par rapport aux Américains". Quitte à composer plus tard avec eux si la concurrence se fait trop forte. En revanche, la guerre des prix ne devrait pas reprendre : Photoways facture aujourd'hui le tirage classique (10x15cm) 0,30 euro, un prix qui a chuté depuis un an et qui se situe parmi les plus bas du marché. "Aux Etats-Unis, Shutterfly facture le tirage 0,50 dollar, un tarif nettement supérieur", souligne Michel de Guilhermier.Sans attendre cette nouvelle concurrence, Photoways entend bien accélérer son développement européen. Mais pour cela, il devra réaliser une nouvelle levée de fonds, la cinquième de sa courte histoire. Son fondateur espère persuader ses actionnaires, au premier rang desquels le fond InnovaFrance, qui détient 30% de son capital.
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