Rupture entre France Télécom et MobilCom

L'heure n'est plus à la conciliation entre France Télécom et MobilCom : le Français, qui n'est pas parvenu vendredi dernier à faire chasser le fondateur et PDG de l'Allemand par le conseil de surveillance, a décidé d'en finir avec la diplomatie. Il a tout simplement décidé de mettre fin à "l'accord cadre de coopération" (CFA). Signé le 23 mars 2000, le texte définissait les obligations réciproques liant France Télécom et Orange au troisième opérateur mobile allemand. Il précisait notamment que France Télécom et sa filiale mobile devaient apporter leur soutien financier à MobilCom, si nécessaire, pour le développement de son réseau UMTS."Du fait de la perte de confiance entre France Télécom/Orange et M. Schmid et MobilCom, France Télécom n'a d'autre choix que de mettre fin" à cet accord, explique le groupe français. Il justifie cette rupture par une "série de violations" de l'accord par MobilCom et par Gerhard Schmid. Il accuse notamment ce dernier d'avoir "régulièrement détourné l'esprit et la lettre" de l'accord, d'avoir enfreint le droit allemand des sociétés et, tout récemment, d'avoir refusé de reverser à MobilCom quelque 70 millions d'euros, comme le lui demandait le conseil de surveillance.France Télécom, actionnaire à 28,5% de MobilCom, a précisé qu'il poursuivrait "les discussions avec les différentes parties concernées afin de déterminer si une solution acceptable peut être trouvée pour assurer l'avenir". En attendant qu'une issue définitive soit trouvée à ce feuilleton, le groupe français se dit prêt à accorder "un soutien financier limité" à MobilCom pour éviter la faillite à celui-ci. Et encore, à condition que cette solution "ne pèse pas sur notre bilan en termes de dette", souligne le directeur financier, Jean-Louis Vinciguerra. "Nous ne sommes pas prêts à reprendre l'endettement de MobilCom dans notre bilan", a-t-il souligné durant une conférence téléphonique, ajoutant que "nous espérons trouver un accord avec les banques, sinon MobilCom risque la faillite". Mais le groupe espère encore débloquer la situation sans en arriver là. L'hypothèse privilégiée reste celle d'un refinancement, qui pourrait prendre la forme d'une émission de titres convertibles en actions France Télécom réservée aux banques créancières. Michel Bon et son équipe excluent en revanche toujours de lancer une offre sur la totalité du capital de MobilCom.De son côté, l'opérateur allemand a estimé dans un communiqué que la décision de son actionnaire français est légalement "non fondée". "Le contrat prévoit des règles claires concernant le traitement d'éventuelles violations contractuelles. France Télécom n'a jusqu'à présent utilisé "aucune des étapes successives" prévues par ces règles, a souligné l'opérateur allemand. Le pacte prévoit notamment la désignation d'un médiateur en cas de conflit, France Télécom ne disposant d'un droit unilatéral de décision qu'après échec de la médiation. MobilCom ne ferme cependant pas toutes les portes. Dans son communiqué, l'opérateur "se félicite de la poursuite des négociations entre France Télécom et les banques" en vue d'aboutir à "une solution financièrement viable pour le bilan de France Télécom". Le temps presse désormais : MobilCom doit faire face fin juillet à l'échéance d'un prêt bancaire de 4,7 milliards d'euros. Faute d'accord à cette date, après la rupture du CFA, MobilCom sera forcé de se déclarer en faillite. Et même si Gerhard Schmid peut intenter un recours devant la justice contre la rupture unilatérale de l'accord par France Télécom, il est très peu probable que ce recours soit tranché avant la fin juillet.L'annonce de la rupture de l'accord cadre, qui avait fait chuter l'action MobilCom de plus de 46% hier sur le Neuer Markt, laisse visiblement les investisseurs dans l'incertitude : en baisse à l'ouverture ce matin, l'action MobilCom gagnait plus de 10% une demi-heure plus tard... pour retomber en fin de matinée. Vers 11h30, le titre cédait 0,14% à 7,28 euros. A Paris, France Télécom, qui avait gagné 8,27% hier, reculait au même moment de 6% à 17,72 euros.
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