L'avenir de Qwest s'assombrit

La descente aux enfers promise à Qwest après l'aveu de manipulations comptables (lire ci-contre) a bel et bien commencé. Le groupe, qui a reconnu la semaine dernière avoir "gonflé" son chiffre d'affaires de 1,16 milliard de dollars entre 1999 et 2001, publie aujourd'hui des résultats trimestriels et de nouveaux objectifs de résultats qui risquent fort d'accroître la défiance des investisseurs.Le groupe de Denver, quatrième opérateur longue distance américain, a perdu 1,14 milliard de dollars sur la période avril-juin, pour un chiffre d'affaires de 4,32 milliards, en recul de 17,3%. La baisse des ventes s'accélère donc, puisqu'elle n'atteignait "que" 13,5% au premier trimestre. Une aggravation que Qwest attribue notamment à l'absence, au cours du trimestre, de ventes de capacités sur ses réseaux optiques, une pratique longtemps pratiquée mais aujourd'hui très contestée, et d'équipements Internet. Deux sources de revenus justement responsables de la manipulation du chiffre d'affaires ces deux dernières années... En excluant ces postes, le recul du chiffre d'affaires atteint encore 6%, à 4,59 milliards de dollars.Pour les mêmes raisons, l'Ebitda (équivalent de l'excédent brut d'exploitation) recule de 37%, à 1,26 milliard de dollars. Le résultat net, lui, a de surcroît été creusé par le coût de la faillite de KPNQwest, qui a atteint 740 millions de dollars. Autre faillite coûteuse : celle de WorldCom, qui a obligé Qwest à provisionner 119 millions de dollars au titre des créances douteuses.Cette accumulation de mauvaises nouvelles est très loin d'être terminée : comme il l'avait annoncé il y a dix jours, et en attendant la correction des bilans 2000 et 2001, en cours avec KPMG, Qwest a remis à plat ses prévisions financières 2002. Prévoyant que son activité "restera à court terme affectée par les conditions sectorielles, concurrentielles et économiques", il table désormais sur un chiffre d'affaires annuel compris entre 17,1 et 17,4 milliards de dollars, soit un milliard de moins que prévu initialement ; il baissera ainsi de plus de deux milliards par rapport à l'an dernier.L'objectif d'Ebitda est lui aussi réduit d'un milliard et ramené entre 5,4 et 5,6 milliards, contre 7,4 milliards l'an dernier. Quant investissements, il ne dépasseront pas 3 à 3,1 milliards, contre 8,5 milliards en 2001. Enfin, la perte par action hors éléments exceptionnels devrait se situer entre 0,46 et 0,49 dollar. Mais la perte publiée sera sans doute bien supérieure, le groupe prévoyant de passer avant la fin de l'année une importante charge pour dépréciation d'actifs.Le nouveau PDG, Richard Notebaert, qui a succédé à Joseph Nacchio, limogé en mai, aura donc fort à faire pour redresser la barre et retrouver la confiance des marchés financiers. Il promet de publier des résultats et des prévisions détaillées dès le 19 août. L'exercice sera d'autant plus difficile que le groupe est visé par deux enquêtes sur ses pratiques comptables, l'une émanant du bureau du procureur du Colorado, l'autre de la Securities & Exchange Commission.Mais pour les analystes, il y a plus préoccupant encore : Qwest a entamé la renégociation de sa dette et de ses facilités de crédit avec ses banques et un échec de ces discussions pourrait conduire le groupe à la faillite d'ici quelques mois, compte tenu de la dégradation annoncée de ses résultats. D'autant que la vente de la branche annuaires QwestDex n'est toujours pas conclue. Qwest assure être "au stade final des négociations" avec les acquéreurs potentiels pour une vente totale ou partielle. Mais, estimé un temps à 10 milliards de dollars, QwestDex pourrait lui rapporter nettement moins.
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