L'enquête sur le marché des DRAM vise tous les grands producteurs

Les grands producteurs mondiaux de mémoires DRAM (dynamic random access memory) se sont-ils entendus l'an dernier pour pousser les prix de leurs produits à la baisse afin d'étrangler financièrement leurs concurrents ? C'est à cette épineuse question que s'efforcent apparemment de répondre les autorités américaines de la concurrence. Les quatre leaders de ce marché de douze milliards de dollars ont en effet reconnu ces dernières heures avoir reçu des demandes d'information de la part de la justice des Etats-Unis. Or les Sud-Coréens Samsung et Hynix (respectivement n°1 et n°3), l'Américain Micron (n°2) et l'Allemand Infineon (n°4) représentent à eux quatre près de 70% des ventes mondiales de DRAM, un produit utilisé principalement par les constructeurs d'ordinateurs. Mais les enquêteurs s'intéressent également à des acteurs de second rang, comme le Japonais Elpida (joint-venture entre NEC et Hitachi dans les DRAM) ou les Taïwanais Nanya et Winbond. La plupart des sociétés visées ont bien sûr déjà démenti avoir enfreint les réglementations antitrust. Mais les investigations américaines ne font que commencer. Même si les autorités, outre-Atlantique, restent discrètes sur leurs intentions, les analystes supposent que l'enquête porte sur la possibilité d'une entente entre producteurs qui aurait eu pour but de faire chuter le prix des DRAM sur le marché mondial l'an dernier, en pleine crise du secteur, dans le but d'inciter de petits fabricants à se retirer du marché.Le prix moyen d'une "barrette" DRAM de 128 mégaoctets était tombé en novembre jusqu'à 80 cents. Il avait ensuite amorcé une rapide remontée, qui l'a amené à 4,60 dollars en mars. Il est depuis repassé aux alentours de 2,50 dollars. Une courbe a évolution rapide qui peut inciter la justice américaine à soupçonner les producteurs d'avoir pratiqué un dumping délibéré. La difficulté pour une enquête de ce type est de déterminer le coût réel de production, en prenant en compte les très lourds investissements engagés par les producteurs et leurs sous-traitants pour construire les lignes de production. En outre, les enquêteurs, qui devraient dans un premier temps rechercher les preuves d'éventuelles rencontres entre dirigeants des différentes entreprises visées, auront bien du mal à chiffrer les gains réalisés grâce à l'entente, si entente il y a eu. En effet, la crise vécue par le secteur a lourdement pesé sur les comptes des fabricants. A lui seul, Hynix a perdu plus de 3 milliards de dollars l'an dernier et n'a échappé à la faillite que grâce au soutien du gouvernement de Séoul.Les autorités antitrust devraient, quoi qu'il en soit, être assurées des encouragements des constructeurs de PC : principaux acheteurs de DRAM, les Dell, HP-Compaq, IBM et autre Apple se plaignent régulièrement des prix pratiqués. Et c'est d'ailleurs pour tenter de réduire ses coûts liés au marché des DRAM que Dell a signé il y a dix jours avec Nanya un accord d'approvisionnement sur cinq ans portant sur un total de trois milliards de dollars.
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