Pas de suprise de dernière minute : Deutsche Telekom, dont les résultats semestriels étaient attendus avec impatience, a publié une perte nette record pour les six premiers mois de l'année, à 3,891 milliards d'euros, un chiffre supérieur à celui de toute l'année 2001 (3,454 milliards). Creusé, certes, par les dépréciations et les amortissements (4,2 milliards sur le seul deuxième trimestre), ce résultat reste considérable même en en retirant les éléments exceptionnels : dans ce cas, il atteint encore 3,1 milliards. Le géant allemand des télécoms, dont le PDG Ron Sommer a été limogé le mois dernier, affiche en outre une dette de 64,2 milliards d'euros, un chiffre qui demeure écrasant même s'il baisse de 9,6% par rapport au niveau atteint fin juin 2001 (71 milliards) et de 4,6% par rapport aux 67,3 milliards affichés fin mars. Le premier semestre n'est cependant pas complètement noir : le chiffre d'affaires s'inscrit en hausse de 14,6% à 25,75 milliards d'euros, tandis que l'Ebitda (l'excédent brut d'exploitation) augmente de 7,2% à 7,76 milliards. Stable dans la division T-Com (lignes fixes), grâce aux hausses de tarifs des derniers mois, l'Ebitda bondit de 86% pour T-Mobile à 2,6 milliards d'euros et passe dans le vert sur le semestre pour T-Online, la division Internet, à 82 millions d'euros. Pour l'ensemble de l'année, Deutsche Telekom et son PDG par intérim, Helmut Sihler, prévoient une croissance "solide" du chiffre d'affaires, principalement grâce à la division mobile, et une hausse de son Ebitda, qui devrait atteindre 15,9 à 16,9 milliards d'euros. Mais malgré les programmes de réduction des coûts et la limitation des investissements, censés générer 2,5 milliards d'euros d'économies, l'exercice devrait se solder par une perte nette "considérable".4 à 7 milliards à trouver. Le programme de désendettement, lui, reste bien évidemment à l'ordre du jour. "Les efforts conjoints de tous ceux responsables de cette entreprise, et j'entends par là tous les salariés, nous permettront d'atteindre notre objectif en dépit de l'environnement défavorable", assure Helmut Sihler. Mais les efforts devront être encore accrus : le groupe doit trouver 14 milliards d'euros pour ramener, comme il l'a promis, son endettement à 50 milliards fin 2003. Or les mesures déjà décidées ne portent que sur la vente d'actifs immobilier pour 4 à 5 milliards, celle des réseaux câblés pour 2,5 à 3,5 milliards et la cession de divers autres actifs non-stratégiques pour 2 milliards environ Soit 8,5 à 10,5 milliards au total. Comme le reconnaissent les dirigeants, il faudra trouver 4 à 7 milliards supplémentaires pour boucler la boucle. "Cela pourrait signifier davantage de désinvestissements", a reconnu le directeur financie de Deutsche Telekom, Karl-Gerhard Eick, dans une interview à CNBC. Sans préciser sa pensée. L'avenir de VoiceStream, la filiale mobile américaine rebaptisée T-Mobile USA et valorisée entre 6 et 10 milliards d'euros par les analystes, reste donc à déterminer. "Toutes les options restent ouvertes", assure Helmut Sihler, au lendemain des informations faisant état de discussions avec Cingular Wireless. "Il y a des discussions, il y a des contacts, mais il n'y a pas de négociations", précise-t-il. Selon des sources proches du groupe, aucune décision ne sera prise avant la fin novembre sur ce dossier. Pour l'instant, Deutsche Telekom vante les bonnes performances commerciales de sa filiale d'outre-Atlantique, soulignant qu'elle a gagné "plus de 525.000 nouveaux abonnés au deuxième trimestre". Reste à savoir si son intention est de se donner des arguments pour la conserver ou d'en faire une proie alléchante pour les acquéreurs possibles que sont Cingular et AT&T Wireless.Autre dossier ouvert, la vente des six derniers réseaux câblés régionaux allemands, elle continue de progresser... lentement. Cinq des neuf consortiums en lice au départ doivent soumettre une offre définitive avant la fin septembre. Mais aucune date limite n'est fixée pour une conclusion éventuelle du processus. A la Bourse de Francfort, ces résultats n'ont guère surpris les investisseurs mais l'action "T" a connu une journée agitée : après une ouverture en hausse, elle est passée dans le rouge dans la matinée, avant de revenir en terrain positif en milieu d'après-midi. Elle cédait 1,18% vers 18h15 à 11,72 euros.

latribune.fr

20 Oct 2008, 2:46

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