Canal+ étudie les conditions de Rome à la fusion Telepiu-Stream

Les dernières péripéties de la crise de management chez Vivendi Universal et Canal+ y sont sans doute pour beaucoup : le groupe français de télévision à péage et sa maison mère entendent bien se donner le temps de la réflexion avant de tirer les conclusions de l'accord sous conditions donné hier soir par Rome à la fusion entre Telepiu, la filiale italienne de Canal+, et son concurrent Stream. L'autorité antitrust, qui s'est fondée sur les recommandations de sa consoeur italienne l'Autorité pour les communications, a en effet donné un feu vert soumis à dix conditions très précises, portant principalement sur le sport et le cinéma. Dans le domaine stratégique du football, l'autorité entend limiter à deux ans les futurs contrats signés par Telepiu-Stream pour les droits de retransmission cryptée des matchs du championnat de football italien de la coupe d'Italie et des grandes coupes européennes. Telepiu devra également renoncer à toute exclusivité de diffusion par des moyens autres que le satellite (câble, télévision numérique terrestre, Internet, UMTS...) Concernant le cinéma, Telepiu devra concéder à toutes les "majors" avec lesquelles il a conclu des contrats d'exclusivité un droit de résiliation avec préavis de six mois. Le groupe Telepiu-Stream, s'il voit le jour, ne pourra en outre pas prétendre exercer une quelconque activité dans le domaine de la télévision numérique terrestre. Une mesure qui l'obligerait à céder ses deux filiales Prima TV et Europa TV dans les dix-huit mois. Telepiu devra également autoriser d'autres opérateurs à distribuer son bouquet de chaînes par satellite et permettre l'accès à sa plate-forme à des tiers à des conditions garantissant la concurrence.Ces conditions sont destinées à "favoriser l'entrée éventuelle de nouveaux opérateurs dans le secteur de la télévision à péage, le développement de moyens de transmission alternatifs et donner des garanties aux consommateurs", explique le communiqué de l'autorité antitrust. Canal+ et Vivendi, qui présentent l'Italie comme un marché stratégique et pour qui cette fusion vise avant tout à réduire les pertes, entendent désormais "évaluer les perspectives de viabilité économique de l'entité fusionnée". L'accord de fusion présenté en février prévoit la cession à Canal+ de la totalité du capital de Stream, actuellement détenu à 50-50 par Telecom Italia et News Corp, le groupe de Rupert Murdoch. Vivendi Universal espère ainsi parvenir à amener rapidement le nouvel ensemble à l'équilibre. Une tâche pour le moins ardue : en dix ans, Telepiu a perdu 1,645 milliard d'euros, tandis que Stream a accumulé 595 millions de pertes entre 1998 et 2000.Le défi semble si difficile à relever qu'il a été l'un des éléments aboutissant au limogeage de Pierre Lescure, le patron de Canal+, par Jean-Marie Messier. Mais Telepiu ne fait pas pour autant de la fusion avec Stream un élément vital : il y a quelques semaines, la société soulignait qu'elle n'entendait pas fusionner à "n'importe quel prix".
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