Les lignes électriques, clé de la généralisation du haut débit

La mise en place du haut débit a pris un nouveau tournant lorsque le gouvernement a décidé en février dernier de donner le coup d'envoi à la mise en place de la fibre optique sur le Réseau de Transport d'Electricité (RTE). Cette décision s'inscrit dans la lignée du CIADT (Comité interministériel d'aménagement du territoire) de juillet 2001 qui avait décidé d'octroyer, par l'intermédiaire de la Caisse des Dépôts, une enveloppe de 1,5 milliard de francs afin de combler le fossé numérique.Le passage du haut débit par le RTE - qui consiste à faire passer des fibres optiques le long des lignes à haute tension - n'est pas une technique nouvelle. Elle est massivement utilisée dans d'autres pays européens comme la Suède ou l'Espagne. Premier avantage, son coût : au mètre, la pose coûte à peine 20 à 30 euros, un prix deux à trois fois moins cher que l'enfouissement des câbles. "Le coût de la mise en place des fibres optiques se répartit de la façon suivante: 80% pour le génie civil et 20% pour le câble", explique Bruno Cassette de la Datar. Autre avantage : la rapidité du déploiement. Le RTE vient donc s'ajouter à l'ensemble des solutions d'infrastructures haut débit dont vont disposer les régions. Actuellement, seuls 10% du territoire, regroupant principalement les grandes agglomérations, sont bien couverts par le haut débit. Sur cette zone (appelée "Zone Blanche" dans le jargon) qui représente 65% de la population française, la concurrence est réelle et les usagers peuvent opter à leur guise pour l'ADSL, le câble, etc.. La "Zone grise" - 10% du territoire - rassemblant les villes moyennes, ne propose que l'offre ADSL de France Télécom. Enfin sur la "Zone noire" - 80% du territoire représentant 25% de la population - le haut débit est totalement absent.Si la politique déclarée par le CIADT en juillet 2001 est de couvrir l'ensemble du territoire afin de réduire la "fracture numérique", elle passe avant tout par l'instauration de plus de concurrence, qui engendrera à terme la baisse des prix. C'est ce que permettra le passage du haut débit via les lignes d'électricité, qui présente l'avantage "d'avoir une couverture territoriale assez fine en comparaison d'autres canaux comme les voies ferrées ou les autoroutes", explique Bruno Cassette. C'est pourquoi le RTE couvrira surtout la zone grise où la concurrence fait cruellement défaut. "S'il n'y pas de concurrence, il n'y aura pas de croissance du taux de pénétration. Le GSM a explosé une fois qu'il y a eu trois acteurs sur le marché", rappelle Stéphane Lelux, du cabinet de conseil Tactis.C'est d'ailleurs la volonté de la région Alsace, par exemple, qui a signé un accord avec le RTE. "La situation en Alsace est similaire à celle d'autres régions. Dans les grandes villes comme Strasbourg, Mulhouse et Colmar, une douzaines d'opérateurs sont présents. Le reste du territoire est uniquement occupé par France Télécom", explique Alain Cote, chargé de mission pour la région.Maintenant que les grandes lignes de l'aménagement du haut débit sont tracées, que la volonté du gouvernement et des régions est claire et que les moyens sont là, le plus difficile reste à faire: il s'agit de définir les projets et surtout de chercher des modèles économiques viables. Car l'enveloppe de la Caisse des Dépôts et Consignations n'est pas là pour financer des infrastructures à perte. "On est dans les secteurs en transition vers le marché", indique Gabrielle Gauthey, directrice NTIC pour la CDC. Autrement dit, la Caisse est chargée de donner un coup de pouce aux gestionnaires d'infrastructures jusqu'à ce que les investissements deviennent rentables. Autre source de financement, les collectivités locales elles-mêmes. Celles-ci peuvent décider d'apporter leurs propres subventions pour des dessertes plus difficiles à rentabiliser. C'est le cas de la région Midi-Pyrénées, qui dispose d'une enveloppe de 200 millions de francs sur cinq ans pour les infrastructures globales et de 400 millions de francs pour les services. D'autres collectivités comme la région Alsace ou le département du Maine et Loire préfèrent attendre d'avoir fait le bilan de l'existant avant de définir les aides à accorder.Et les projets sont complexes. Le financement du passage du haut débit par le RTE n'est pas tout. Les collectivités doivent surtout définir des zones géographiques à financer, puis décider des meilleures infrastructures au niveau économique. Sur quelle distance faut-il utiliser le RTE, dans quel cas vaut-il mieux intégrer le réseau ferré, les voies navigables, les autoroutes... ? Un vrai casse-tête. D'autant qu'il faut également penser au financement du raccordement de ces infrastructures jusqu'à l'abonné. Peut-on se servir du réseau téléphonique de France Télécom, de la Boucle Locale Radio, faut-il envisager d'autres solutions? En tout cas, les études sont lancées et les premières décisions pourraient intervenir en octobre prochain. "D'ici la fin de l'année, nous devrions avoir pris des décisions sur une quinzaine de projets", anticipe Gabrielle Gauthey. Actuellement, 106 projets sont à l'étude sur le territoire français.Sandrine C
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