Qwest admet avoir "gonflé" son chiffre d'affaires

Après Enron et WorldCom, Qwest ? Déjà sous le coup d'une enquête pénale fédérale et d'une enquête de la Securities & Exchange Commission sur ses pratiques comptables, l'opérateur américain a reconnu hier que ses comptes des derniers exercices nécessitaient des corrections et en a profité pour abandonner ses prévisions de résultats pour l'exercice en cours. Premier opérateur local dans 14 états américains du centre et de l'ouest du pays, Qwest, qui avait limogé son PDG et son directeur financier le mois dernier, a notamment admis avoir enregistré dans ses comptes 1,16 milliard de dollars de chiffre d'affaires fictif, correspondant à des échanges de capacités sur les réseaux optiques avec d'autres opérateurs. Comme nombre de ses concurrents, Qwest a comptabilisé ces transactions, devenues très courantes pendant le boom des télécoms, en une seule fois au lieu de les étaler sur la durée des accords d'échange. Et ce alors même que certains de ces accords n'ont généré aucune rentrée réelle d'argent frais dans ses caisses, leur unique but étant de doper le chiffre d'affaires. Pour Qwest, les ventes de capacité optiques avaient représenté 2,8% du chiffre d'affaires total publié en 2000, soit 468 millions de dollars, et 5,1% des ventes comptabilisées en 2001, soit 1,013 milliard. La marge brute enregistrée sur ces ventes atteignait un total de 430 millions de dollars sur ces deux années.De plus, ajoute Qwest dans un communiqué, "des ajustements supplémentaires sont nécessaires pour prendre en compte certaines ventes d'équipements en 2000 et 2001", comptabilisées "par erreur". Des dépenses ont également été comptabilisés de manière inappropriée au cours des mêmes années. Et le groupe, qui a beaucoup grandi par acquisitions ces dernières années, doit encore revoir ses méthodes d'amortissements des survaleurs. Au total, admet-il, le montant des ajustements nécessaires "pourrait être important" et avoir un impact sur le résultat d'exploitation, le résultat net et le bénéfice par action. Basé à Denver, Qwest assure poursuivre ses investigations avec l'aide de son nouvel auditeur, KPMG. En attendant de pouvoir publier des comptes définitifs, ce qui pourrait prendre plusieurs mois, il retire ses prévisions financières pour l'exercice en cours, en expliquant que "la direction réévalue l'impact de la faiblesse persistante du secteur des télécommunications et des économies régionales des 14 états qu'il dessert", ainsi que celui de la concurrence. Il devrait présenter de nouvelles prévisions annuelles à l'occasion de la publication des résultats du deuxième trimestre, prévue le 8 août. En revanche, son nouveau PDG, Arthur Notebaert, assure que ce processus ne retardera pas la vente annoncée de la division d'annuaires du groupe. Une cession nécessaire pour permettre au groupe de faire face à ses futures obligations financières : endetté à hauteur de 26,5 milliards de dollars, Qwest devra rembourser 6,5 milliards entre mai 2003 et début 2004. Ces annonces et le brouillard dans lequel se retrouvent soudainement plongés les investisseurs après l'abandon des prévisions financières accentuent logiquement la chute du cours de Qwest à Wall Street : en milieu de séance lundi, le titre abandonne 22,67% à 1,16 dollar. Mais à la différence des cas Enron et WorldCom, cette dégringolade affecte peu l'ensemble du marché. En fin de matinée, les grands indices restent franchement orientés à la hausse, le Dow Jones gagnant 3,43% et le Nasdaq 3,38%.
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