Départ surprise du patron d'Instinet

Déjà tendue, la situation d'Instinet, filiale de Reuters spécialisée dans le courtage électronique, s'est un peu plus dégradée hier avec le départ surprise du PDG de l'entreprise, Doug Atkin, qui entraîne une refonte partielle et temporaire de l'équipe de direction... en attendant sans doute une restructuration plus sévère. Doug Atkin, 39 ans, travaillait pour Instinet depuis 1984 et avait accédé à la direction de l'entreprise il y a quatre ans. Son intérim sera assuré par le directeur financier Mark Nienstedt, 52 ans. Instinet a par ailleurs annoncé la nomination au poste de directeur opérationnel (chief operating officer) de Jean-Marc Bouhelier, qui dirigeait jusqu'à présent les activités à destination des institutionnels et des professionnels aux Etats-Unis. Il remplacera Kenneth Marshall, qui part en retraite.Ces mouvements interviennent sur fond de baisse de l'activité et de pertes de parts de marché. Au mois de mars, le volume de transactions traité par le réseau d'échanges électroniques d'Instinet a reculé de 40% par rapport au même mois de 2001 et de 3,5% sur le volume de février, à 4,77 milliards de titres. Malgré une baisse très nette de ses tarifs (-60%), Instinet peine à résister à la concurrence acharnée que lui livrent et que se livrent les autres Bourses électroniques, principalement Island ECN et Archipelago, ce dernier venant de boucler sa fusion avec REDIBook. Passé derrière Island en termes de volumes traités sur le Nasdaq depuis novembre, Instinet risque de voir cette baisse subir un effet boule de neige, les intervenants privilégiant le leader pour s'assurer une liquidité optimale.La société a déjà annoncé que le premier trimestre 2002 pourrait se solder par la première perte nette de l'histoire de l'entreprise, en raison des 55 millions de dollars de charges passées pour financer la réduction des coûts. Et elle pourrait présenter prochainement son quatrième plan social en un an. Les résultats seront présentés jeudi 18 avril.Cette situation de crise nourrit depuis plusieurs semaines les spéculations sur une reprise en main d'Instinet par Reuters. "Mes collègues et moi collaborons étroitement avec Instinet pour maximiser la valeur de sa marque et améliorer sa performance opérationnelle", assure simplement dans un communiqué Tom Glocer, le patron du groupe. Cette "collaboration" pourrait aboutir, selon certains analystes, à une remontée de Reuters à 100% du capital de sa filiale. Une opération qui serait coûteuse : depuis son introduction sur le Nasdaq en mai 2001, l'action Instinet a chuté de plus de 50%. Le Financial Times évoquait récemment la possibilité du lancement par Reuters d'une offre de rachat des minoritaires d'Instinet pour 4 dollars par action, un prix à peine supérieur à la trésorerie de la filiale.Sur le Nasdaq à la mi-séance, l'action Instinet chutait de 2,34% à 6,67 dollars. A la Bourse de Londres, l'action Reuters cédait en clôture 0,56% à 534 pence.
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