Nortel joue la prudence après le départ de son directeur financier

Le syndrome Enron a encore frappé. La chute du courtier en énergie a tellement frappé les investisseurs que ceux-ci s'alarment désormais dès que les comptes d'une entreprise présentent la moindre aspérité ou dès que ses dirigeants sont susceptibles d'être soupçonnés d'avoir eu un comportement non conforme aux principes du gouvernement d'entreprise. Dernière cible en date de la défiance ambiante : Nortel. Le géant canadien des équipements de télécommunications, déjà très lourdement sanctionné par les marchés l'an dernier, subit aujourd'hui les retombées de la démission de son directeur financier.Terry Hungle a décidé de quitter ses fonctions après la révélation du fait qu'il a réalisé deux transactions personnelles sur des actions du groupe en 2001 juste avant la publication de prévisions de résultats financiers. La première fois, en mars 2001, il avait cédé des titres quelques jours avant un profit warning qui avait fait chuter le cours de Nortel de près de 20% en une journée ; la seconde, il avait acheté des actions avant une publication de résultats qui avait poussé le titre Nortel à la hausse. Ces transactions, dont le montant total approche 165.000 dollars américains, contrevenaient alors au règlement interne de l'entreprise, souligne Nortel. Le groupe a précisé que les autorités boursières américaines et canadiennes avaient été averties de ces opérations mais ces explications n'ont pas suffi à lever l'incertitude : à la mi-séance à Wall Street, mardi, l'action Nortel cédait 6,73% à 6,38 dollars. Au-delà des précisions apportées sur les transactions réalisées par Terry Hungle (remplacé provisoirement par Frank Dunn, dont il avait repris les fonctions en octobre), Nortel a tenu à réaffirmer ses perspectives pour les prochains mois. Mais avec une note de prudence : s'il table toujours sur un recul de 10% de son chiffre d'affaires au premier trimestre par rapport au précédent, il reconnaît qu'atteindre cet objectif sera "plus difficile", en raison de la tendance observée chez les clients à "minimiser les dépenses à court terme". En revanche, le groupe table toujours sur une "croissance graduelle" des revenus à partir du second trimestre et le retour aux bénéfices au quatrième trimestre. Au dernier trimestre 2001, Nortel a subi une perte nette de 1,83 milliard de dollars pour un chiffre d'affaires de 3,46 milliards de dollars, très légèrement supérieur aux attentes, mais en chute de 57% par rapport à la même période de 2000. Sur l'ensemble de l'année 2001, les ventes de Nortel se sont effondrées de 37%, reflétant la chute des commandes mais aussi les ventes massives d'actifs auxquels le groupe a dû procéder. Nortel a enregistré sur la période une perte (hors exceptionnels) de 4,51 milliards de dollars. La perte nette atteint quant à elle des niveaux records : 27,3 milliards de dollars, soit près de 8 fois plus qu'en 2000, en raison des fortes restructurations opérées par le groupe. L'an dernier, Nortel a notamment cédé sa filiale de gestion de la relation client (CRM, Customer Relationship Management) Clarify à Amdocs début octobre, après avoir revendu les 60% qu'il détenait dans Matra Nortel Communications. En septembre, il avait décidé de sortir de toutes les activités d'équipements ADSL et d'une manière générale du marché de l'accès à large bande autre que l'optique, à savoir la boucle locale radio et le câble. Des cessions qui se traduiront à terme par une division par deux des effectifs du groupe, pour les ramener à 52.600 personnes.latribune.f
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