Baisser de rideau final pour Napster

"Napster was here". La page d'accueil du site de musique en ligne, désormais réduite à sa plus simple expression, est explicite. Un porte-parole a confirmé que la société a été définitivement fermée et que la plupart de la quarantaine des employés restant a été licenciée. Ce point final mis à l'aventure Napster n'est pas une surprise après la décision du Tribunal du Delaware mardi de bloquer le rachat de la société par Bertelsmann. Selon le Wall Street Journal, le refus a été motivé par des conflits d'intérêts entre le directeur de la société Konrad Hilber et son actionnaire allemand. Par ailleurs, pour Reuters, la décision est également le résultat de l'opposition de certains auteurs et labels à l'opération, en raison du prix proposé par Bertelsmann, qui était de 9 millions de dollars.Toujours est-il que le refus n'a pas vraiment gêné le géant des médias. "Nous acceptons la décision de la Cour selon laquelle la vente des actifs de Napster à Bertelsmann a été refusée", a précisé un porte-parole de DirectGroup, la filiale du groupe allemand en charge des activités Internet. Même si l'opération avait été autorisée, il y a peu de chances que Bertelsmann aurait remis au pot une énième fois. Si l'ex-PDG Thomas Middelhoff était l'un des rares partisans du projet, le nouveau patron Gunter Thielen s'attache à tailler dans les centres de pertes du groupe. Bertelsmann étudie d'ailleurs sa sortie de la librairie en ligne BOL.Jusqu'à présent sous la protection de la loi des faillites américaine (chapitre 11), l'équipe restante va maintenant devoir liquider Napster, coquille désormais sans ressources ni soutien financier. A la grande époque, le site d'échange de fichiers musicaux entre internautes avait rassemblé jusqu'à 60 millions d'utilisateurs, qui échangeaient gratuitement des chansons allant des hits jusqu'aux interprètes les plus obscurs.En 1999, Shawn Fanning, aujourd'hui âgé de 22 ans, avait créé un site d'échange de fichiers de morceaux de musique à l'attention de ses copains d'université. Mais la nouvelle s'est répandue comme un traînée de poudre et Napster a vite connu une renommée mondiale. Ce succès inattendu a suscité une certaine panique au sein de l'industrie du disque, qui n'avait jusqu'à présent pas vraiment réalisé l'impact des nouvelles technologies sur son marché. Les maisons de disques ont alors considéré Napster comme généralisant le piratage à grande échelle. Seul BMG, filiale de Bertelsmann, était entré au capital de la société. En revanche, les grands labels ont poussé à coups de procès à la fermeture du site en juillet 2001, en attendant de trouver des accords de diffusion avec la plate-forme de distribution, une problématique encore non résolue à ce jour. Depuis, Napster était censé rouvrir ses portes sous la forme d'un site d'abonnement payant.Mais les retards de calendrier se sont accumulés, sans que le site ne voit le jour et qu'aucun revenu ne rentre dans les caisses. Du coup, Napster s'est retrouvé cette année au bord de la faillite. Bertelsmann, qui au début refusait de réinjecter les fonds demandés par la start-up, s'est finalement décidé à en proposer le rachat pour 9 millions de dollars afin de la fondre dans sa filiale DirectGroup. Une somme qui se serait ajoutée aux nombreux prêts déjà consentis à Napster. De toutes façons, le projet a été refusé. Reste maintenant à savoir si la marque Napster, hautement symbolique dans le monde du Web, sera oui ou non reprise. Quant à l'échange de fichiers sur le Net, il a encore une belle vie devant lui. Depuis Napster, d'autres sont nés. Aimster, Kazaa et autre Gnutella font encore le bonheur des internautes en mal de MP3.
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