Sun Microsystems fragilisé par le départ de son n°2

Chez Sun, le principal promoteur du langage Java, l'heure est à la java... des adieux. L'annonce, mercredi, du départ d'Ed Zander, président du groupe et bras droit de Scott McNealy depuis quatre ans, a fait l'effet d'une douche froide sur le Nasdaq, où l'action Sun Microsystems a chuté de 15%. Et a poursuivi sa dégringolade jeudi, reculant de 7,49% en clôture. A 6,45 dollars, le titre est au plus bas depuis plus de trois ans ; il avait passé les 60 dollars début 2000.Au-delà de la - forte - personnalité d'Ed Zander, ce départ accroît l'incertitude sur la cohésion de la direction du groupe, au sein de laquelle les départs se sont récemment multipliés. Ces dernières semaines, le directeur financier, Mike Lehman, le directeur de sa division Computer Systems, John Shoemaker, et le directeur de la division Services, Larry Hambly, avaient déjà tous les trois annoncé leur prochain départ. Scott McNealy, fondateur et "CEO" (chief executive officer) se retrouvera donc bientôt seul à un moment peu favorable : même si ses résultats montrent des signes d'amélioration (lire ci-contre), le groupe doit encore négocier la sortie d'une crise qui l'a obligé à réduire ses coûts. Et comme le soulignait mardi Steven Milunovich, de Merrill Lynch, dans une note presque prémonitoire, "les récents changements au sein de la direction ne nous paraissent pas préoccupants, mais le départ de M. Zander le serait". L'analyste n'envisageait alors cette perspective qu'à un horizon de douze à dix-huit mois... Désormais, Steven Milunovich exprime ses préoccupations pour le court terme et souligne la concurrence féroce que livrent à Sun "Wintel [l'alliance Intel-Microsoft], Lintel [Linux-Intel] et les vendeurs de middleware". Mais il reste acheteur pour le long terme.Car Ed Zander, qui aura passé quinze ans chez Sun, apparaissait aux yeux de nombreux observateurs comme le stratège en chef du numéro un mondial des serveurs, et le principal animateur de la direction opérationnelle du groupe. Scott McNealy se concentrant pour sa part sur la stratégie à long terme... et la défense des intérêts du groupe, principalement contre son adversaire de toujours, Microsoft, et contre IBM, son principal concurrent direct dans les serveurs. Scott McNealy l'a annoncé lui-même mercredi : il assumera le titre de président et les responsabilités d'Ed Zander dès le départ effectif de celui-ci, le 1er juillet, premier jour du nouvel exercice fiscal du groupe. Et ne prévoit pas, pour l'instant, de le remplacer. C'est donc seul que Scott McNealy devra, en priorité, confirmer l'amélioration de la rentabilité du groupe et profiter de la reprise annoncée de ses marchés pour regagner des parts de marché. En poursuivant le développement d'une stratégie misant gros sur le système "ouvert" Linux. Un plan de marche d'autant plus difficile à appliquer que le CEO de Sun n'exclut pas de nouveaux départs de cadres dirigeants dans les prochaines semaines. Quant à Ed Zander, il n'a pour l'instant pas précisé ses intentions pour l'avenir. Administrateur de plusieurs sociétés de la Silicon Valley (notamment Portal Software et SeeCommerce), il peut envisager, à 55 ans, une nouvelle carrière, de dirigeant d'entreprise par exemple. Scott McNealy l'a d'ailleurs reconnu : son bras droit ne s'est jamais engagé à ne pas travailler pour la concurrence.
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