Une fois de plus, "Big Blue" a été victime du syndrome Enron. Déjà cité parmi les grandes entreprises dont la sincérité des comptes pourrait être remise en cause après la faillite du courtier en énergie, IBM a vécu jeudi une journée difficile après l'annonce par une lettre confidentielle de l'ouverture par la SEC, la principale autorité boursière américaine, d'une enquête préliminaire sur ses comptes. L'information a suscité une telle défiance, trois jours après le "profit warning" du groupe, que la SEC, rompant avec ses habitudes, a publié dans la soirée un communiqué précisant que l'enquête avait été classée sans suite. "L'enquête a été refermée sans qu'aucune action ait été entreprise, peu après avoir été ouverte", explique la Securities & Exchange Commission. Mais entretemps, l'action IBM avait chuté de 5,4% sur le New York Stock Exchange, après avoir touché son plus bas niveau depuis décembre 2000. Selon la lettre SEC Insight, l'enquête préliminaire avait été ouverte le 15 février. IBM, de son côté, s'était refusé à tout commentaire.L'évocation d'une enquête boursière sur les pratiques comptables du premier groupe informatique mondial était d'autant plus crédible que ces pratiques avaient déjà été mises en cause. Le New York Times avait notamment relevé que le produit de cessions d'actifs avaient été intégrés au résultat opérationnel. En février, IBM avait lui même reconnu que ses comptes manquaient parfois de précision et s'était engagé à y remédier. Le "profit warning" de lundi avait alimenté les interrogations sur la lisibilité des comptes, certains analystes soulignant que le recul des ventes évoqué par le groupe pourrait être aussi bien lié à la conjoncture qu'à un changement de pratiques comptables consécutif à la prise de pouvoir de Sam Palmisano, qui vient de remplacer Lou Gerstner au poste de PDG.En milieu de séance vendredi à New York, l'action IBM progressait de 1,72% à 85,64 dollars. A la clôture à Paris, le titre gagnait 2,96% à 97,55 euros, ramenant sa perte hebdomadaire à 13,3%.