Marconi se prépare à convertir sa dette en actions

Tenir jusqu'à la reprise : tel est désormais, faute de mieux, l'objectif de Marconi. L'équipementier de télécommunications britannique, qui a publié jeudi des résultats 2001-2002 marqués par une chute de l'activité et un creusement des pertes, se bat toujours pour survivre financièrement. Les négociations entamées il y a plusieurs mois, qui devaient aboutir jeudi à la présentation d'un plan de refinancement, ont finalement été prolongées. Mais il est désormais clair que cette "restructuration" du capital pourrait "aboutir à une dilution de la valeur pour les actionnaires actuels", reconnait le groupe. En clair, les créanciers actuels de Marconi pourraient convertir tout ou partie de la dette du groupe en actions, prenant ainsi la majorité du capital. Au 31 mars, la dette de Marconi atteignait en effet 4,3 milliards de livres, dont 2,2 milliards de prêts syndiqués, 1,8 milliard d'obligations et 260 millions de facilités bancaires. Or après la chute de près de 99% de son cours de Bourse, la valorisation de Marconi ne dépasse plus 250 millions de livres. La conversion de la dette en actions aboutirait à rendre les actionnaires actuels très minoritaires dans le capital. Cette perspective ne réjouit évidemment pas les investisseurs : en clôture jeudi à la Bourse de Londres, l'action Marconi chutait de 17,58% à 7,50 pence.Cette chute s'explique aussi par les résultats peu encourageants publiés pour l'exercice clos le 31 mars dernier. Marconi, qui continue de subir le très net ralentissement du marché des équipements télécoms, affiche en effet une perte nette de 5,875 milliards de livres (9,4 milliards d'euros), qui inclut 4,38 milliards de livres d'éléments exceptionnels. Comme le résume le groupe, "pour Marconi, l'impact des conditions de marché extrêmes a été renforcé par les coûts financiers liés aux acquisitions de ces trois dernières années". Payées pour l'essentiel en cash, ces acquisitions ont creusé la dette... et risquent désormais d'entraîner des conséquences plus graves pour les actionnaires que si elles avaient été payées en titres. Alors que le chiffre d'affaires, à 4,6 milliards de livres, a reculé de 34% au cours de l'exercice, le résultat d'exploitation, lui, est tombé dans le rouge, à 463 millions de livres, contre un bénéfice de 754 millions l'an dernier. La réduction de la voilure va se poursuivre cette année, car les résultats 2001-2002 incluent encore partiellement ou totalement les activités cédées ces derniers mois : les équipements médicaux ont été rachetés par Philips, les composants optiques par Bookham, les activités d'électroménager par Merloni, etc..Les activités "stratégiques" conservées par le groupe n'ont généré, sur l'année fiscale écoulée, que 3,1 milliards de livres de ventes. Et la restructuration n'est pas terminée : Marconi prévoit désormais d'introduire en Bourse, à Milan, sa filiale Strategic Communications d'ici la fin septembre. Le reste des activités dédiées au marché des communications mobiles sera transféré à la division Capital, qui regroupe les activités destinées à être cédées.Les dirigeants de Marconi assurent que les coûts d'exploitation des activités stratégiques ont été ramenées à un milliard de livres en rythme annuel, contre 1,4 milliard il y a un an. Notamment grâce aux suppressions de postes, le groupe ayant réduit ses effectifs de près d'un quart en un an. Le prochain objectif consiste à faire descendre les coûts à 870 millions de livres en mars prochain. Ce qui laisse à penser qu'il envisage une nouvelle baisse de ses ventes. Les actionnaires n'ont donc pas fini de se lamenter.
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