Levée de boucliers contre le nouveau patron de Deutsche Telekom

Les investisseurs ne semblent apprécier que modérément la perspective de la nomination de Gerd Tenzer au poste de l'actuel PDG Ron Sommer, qui doit être entérinée demain par le conseil de surveillance de Deutsche Telekom. Une heure après l'ouverture de la Bourse de Francfort, le titre chute de 7% à 11,29 euros. Il reste cependant loin de son niveau le plus bas de 8,14 euros, atteint à la fin du mois de juin.Il faut dire que les critiques se multiplient envers le limogeage de Ron Sommer et surtout sur le choix de Gerd Tenzer pour le remplacer. Plusieurs membres du directoire s'y opposent avec force, selon le Financial Times Deutschland.  "Il y a un front contre lui" [M. Tenzer, ndlr], affirme le quotidien, s'appuyant sur des sources proches du directoire. Gerd Tenzer, dont le nom était déjà évoqué en 1998 comme un éventuel remplaçant de Ron Sommer, ne fait donc pas l'unanimité en sa faveur, bien au contraire. Considéré comme étant l'homme de la technique, beaucoup le qualifient de "second couteau". Ses détracteurs pointent du doigt son expérience limitée des marchés financiers et son manque de charisme.Les salariés eux-même ont apporté leur soutien à Ron Sommer. 18.000 d'entre eux ont publié vendredi dans les journaux une lettre ouverte en faveur du PDG. Le limogeage de Ron Sommer par l'Etat allemand, qui possède 43% de l'opérateur historique, suscite donc bien des critiques. Les observateurs n'y voient qu'une justification électoraliste à l'approche des législatives du 22 septembre prochain, le chancelier Schröder cherchant ainsi à calmer la fureur des petits actionnaires qui ont fait confiance à Deutsche Telekom et qui ont vu leur épargne se dévaloriser. Engagée dans une telle logique, l'opération pourrait finalement se révéler contre-productive pour l'opérateur.De son côté, le candidat de l'opposition conservatrice allemande pour les élections législatives, Edmund Stoiber, a estimé que Gerd Tenzer "n'était pas le candidat idoine". Et le président de Goldman Sachs lui-même, Henry P. Paulson, a pris la plume pour mettre en garde le président du conseil de surveillance, Hans Dietrich Winkhaus. "Cela aura des conséquences négatives sur l'entreprise et ses actionnaires. Nous pensons que la continuité au sein du directoire est un élément important pour garantir la stratégie du groupe", a-t-il indiqué. En dépit de l'endettement massif du groupe (67 milliards de dollars), les analystes ne voient pas tellement quel changement de stratégie pourrait instaurer un nouveau président (lire ci-contre). C'est demain que se tiendra le conseil de surveillance dont les 20 membres décideront de l'avenir de Ron Sommer.Par ailleurs, les actionnaires américains de Deutsche Telekom étudient la possibilité de porter plainte contre le gouvernement allemand afin de réclamer des dommages-intérêts, selon le Bild. Ils estiment que les pouvoirs publics pourraient avoir fortement influencé certains membres du conseil de surveillance pour qu'ils se prononcent pour le limogeage de M. Sommer.
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