Le patron de MobilCom en mauvaise posture

Gerhard Schmid, le patron de MobilCom, qui a subi deux revers consécutifs en quelques heures hier, tiendra-t-il encore les rènes du troisième opérateur mobile allemand dans une semaine? Ce n'est pas sûr : au lendemain d'une assemblée générale qui lui a infligé un camouflet, il pourrait se voir contraint de démissionner et d'abandonner à France Télécom, actionnaire à 28,5%, le contrôle du capital. Hier, MobilCom s'est vu contraint d'annuler le plan de stock-options lancé à destination de ses commerciaux, après un audit réalisé par DBO Deutsche Warentrauhand à la demande de France Télécom. L'opérateur français soupçonnait le groupe allemand d'avoir enfreint la législation boursière. A l'issue d'une réunion extraordinaire, "le conseil de surveillance a décidé de faire en sorte que le programme de stock-options soit annulé dans les sept prochains jours", a déclaré son président Klaus Ripken. Par ailleurs, Gerhard Schmid n'aura plus le droit de représenter seul sa société et devra associer les autres dirigeants à toutes les décisions importantes. La première d'entre elles pourrait être, à en croire le Financial Times Deutschland, la finalisation d'un accord par lequel France Télécom prendrait le contrôle du troisième opérateur mobile allemand sans céder aux conditions initialement posées par Gerhard Schmid. Selon le quotidien, le groupe français est prêt à racheter les 49,9% du capital détenus par le fondateur de MobilCom et son épouse, à condition que Gerhard Schmid démissionne, sur la base de 20 euros par action, un prix inférieur aux 22 euros qu'il réclame. Sur le Neuer Markt, le titre valait 16 euros en fin de journée vendredi, regagnant 7,1% après sa chute de la veille (-13,5%).Le FT Deutschland précise qu'un conseil de surveillance se tiendra la semaine prochaine. Il ajoute que les négociations menées depuis la fin mars entre France Télécom, MobilCom et les banques créancières de ce dernier ont abouti à un accord de renégociation des engagements financiers de MobilCom liés à l'UMTS, accord qui permettrait au Français de prendre la majorité du capital sans avoir à consolider la dette de sa filiale.Au cours de l'assemblée générale d'hier, Gerhard Schmid a implicitement reconnu qu'il avait violé la loi. "Je regrette cette affaire et fais tout ce qui est en mon pouvoir pour que cela n'affecte pas les comptes de MobilCom", a-t-il dit. Gerhard Schmid n'avait pas suffisamment informé son directeur financier sur le montage financier de ce programme, objet de toutes les controverses.Pour alimenter ce plan de stock-options, le PDG du groupe a en effet fait appel à sa femme qui détient 10% du capital de l'opérateur allemand, après le refus des banques de prendre en charge ce programme. Ainsi a-t-il fait verser par MobilCom à Millenium, la société de son épouse, la somme de 68 millions d'euros. Cette somme devait lui servir à compenser la différence entre le prix de 5 euros payé par les salariés de l'entreprise et le cours des titres MobilCom. C'est cette procédure qui est aujourd'hui remise en cause par DBO Deutsche Warentrauhand. Millenium devra donc rembourser les 68 millions d'euros à MobilCom. Le plan de stock-options, portant sur 3,6 millions de titres, avait été négocié en fin d'année dernière, mais n'avait été annoncé que le 21 février, suscitant la colère de France Télécom.Les actionnaires ont tiré les conclusions de ces différentes nouvelles en refusant de voter le quitus à Gerhard Schmid. Une décision dont la portée est essentiellement symbolique mais qui n'en reste pas moins rarissime. Le résultat du vote (près de 86% des actionnaires habilités ont refusé le quitus) implique que France Télécom a également voté contre. Les 40% du capital détenus par Gerhard Schmid étaient exclus du vote.
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