Bernie Ebbers refuse de témoigner devant le Congrès

Entre Enron et WorldCom il n'y a décidément qu'un pas. Hier, les anciens dirigeants de l'opérateur en déroute, Bernie Ebbers et Scott Sullivan, ont refusé de témoigner devant le Congrès où ils devaient s'expliquer sur les manipulations comptables du groupe. Cités à comparaître devant la Commission des services financiers de la Chambre des Représentants, l'ancien PDG Bernier Ebbers et Scott Sullivan, le directeur financier révoqué récemment, ont évoqué le 5ème amendement. La constitution américaine les autorise en effet à ne pas répondre aux questions s'ils estiment que leur propos vont être retenus contre eux. "Même si je voulais répondre à vos questions concernant WorldCom, mes avocats m'ont conseillé de ne pas témoigner sur la base de mes droits", a déclaré Bernie Ebbers lors de l'audition. Le refus de témoigner des deux dirigeants ne fait que renforcer les énormes soupçons qui pèsent déjà sur eux et ce malgré les déclarations de l'ex-PDG. "Je n'ai rien à cacher à cette commission", a-t-il ajouté.Bernie Ebbers, ancien professeur de gymnastique reconverti dans les télécoms, a été mis à pied bien avant l'éclatement du scandale. Au centre de la polémique: les prêts consentis par son groupe au dirigeant pour un montant de 375 millions de dollars. Pour l'instant, la somme fait toujours l'objet d'une enquête de la SEC (voir ci-contre). Quant à Scott Sullivan, soupçonné d'être l'un des principaux artisans de la manoeuvre comptable, il a été licencié dès la mise à jour de la fraude.Parallèlement, le cabinet Andersen, chargé des comptes de l'opérateur, était également auditionné par les parlementaires. Après l'affaire Enron qui a signé sa disparition du monde comptable, le cabinet d'audit a une nouvelle fois suscité la colère des législateurs. L'auditeur entendu a assuré qu'il n'avait jamais remarqué le maquillage des comptes, selon lequel WorldCom faisait passer des dépenses d'exploitation pour de l'investissement. "Il est inconcevable que l'un des plus grands cabinets d'audit se trompe à ce point", a déclaré un représentant.Enfin, l'analyste Jack Grubman de Salomon Smith Barney a également dû s'expliquer sur son éventuelle implication dans l'affaire. Alors qu'il notait très bien l'opérateur, il l'avait dégradé quelques jours avant le scandale. "La dégradation de ma note en juin, de fait la quatrième depuis le mois de mars, était basée seulement sur des informations déjà rendues publiques", a-t-il assuré au Congrès. Symbole des abus de la Nouvelle Economie, il a avoué regretter d'avoir trop bien noté WorldCom trop longtemps. Les malversations comptables de WorldCom ont amené le groupe à maquiller un déficit de 1,22 milliard de dollars en 2001, et à publier à la place un bénéfice de 1,38 milliard de dollars. Auparavant cité en exemple par les analystes et jalousé par ses concurrents pour ses performances remarquables, WorldCom se débat aujourd'hui pour éviter la faillite. John Sidgmore, l'actuel PDG, l'a répété hier devant le Congrès: "Nous nous battons pour notre survie". Il a également précisé qu'il était toujours en négociations pour une nouvelle ligne de crédit, tandis que l'entreprise est actuellement en défaut de paiement sur 4,25 milliards de dollars.
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