"Les start-up israéliennes bénéficient d'un modèle vertueux"

Latribune.fr - Cette opération est le second investissement de Partech International en Israël. Quels sont les éléments qui, dans le dossier de Redux, vous ont incité à y participer ? Jean-Marc Patouillaud - Redux Communications est une société créée il y a trois ans par une équipe issue de RAD, le premier groupe d'équipements informatiques israélien. Redux est spécialisée dans le développement de processeurs réseaux, des puces destinées à contrôler les "residential gateways", c'est à dire à orienter, à aiguiller le trafic haut débit dans la partie résidentielle du réseau. La mission de ces processeurs consiste à transformer des équipements aujourd'hui "passifs" en équipements "intelligents", en permettant par exemple leur maintenance à distance par le fournisseur d'accès, ou la mise à disposition de l'utilisateur de dispositifs de filtrage du contenu ou d'optimisation de la bande passante.Redux développe deux familles de produits, l'une de composants entièrement programmables, l'autre de composants pré-programmes. Les premiers produits seront commercialisés au deuxième trimestre et le marché visé est d'emblée mondial. Les clients potentiels sont des fabricants d'équipements de réseaux : la société a déjà des contacts avec 54 prospects, soit en direct, soit via des réseaux de distributeurs. Pour un investisseur comme Partech, le marché des équipements de réseaux reste donc intéressant, malgré la crise persistante du secteur ? Notre réflexion, au sein du pôle Télécoms et composants de Partech, nous a orienté vers le monde du haut débit plutôt que vers l'optique, la troisième génération de téléphonie mobile ou la sécurité, pour une raison simple : le haut débit, lui, est là. Il suffit de se rendre dans une agence France Télécom pour constater l'engouement pour l'ADSL, par exemple. Et sur ce marché, c'est la partie terminale du réseau qui souffre le plus d'engorgement. En outre, en tant que capital-risqueurs, nous nous portons plus vers la technologie que vers les opérateurs, qu'ils soient réels ou virtuels, car leur activité est trop gourmande en capitaux. Et nous cherchons à aller dans la direction où le marché va évoluer. A l'inverse de sociétés petites et jeunes comme Redux, les gros industriels comme Alcatel ou Nokia, très forts pour aller sur les marchés de masse, ont du mal, de par leur inertie naturelle, à aller vers les composants de demain.La high-tech israélienne souffre-t-elle de la situation politique et militaire dans la région ? Le contexte actuel ne rend évidemment pas la situation plus enthousiasmante, mais elle a un impact très limité. D'abord parce que les start-up israéliennes sont toutes regroupées autour de Tel Aviv, qui n'est pas la région la plus exposée à la menace terroriste. De plus, les entrepreneurs du secteur sont des gens tournés vers l'international, plutôt libéraux dans tous les sens du terme, et notamment favorables au processus de paix et à une issue négociée du conflit actuel. La prise de participation dans Redux constitue le deuxième investissement de Partech en Israël, après Breezecom, devenu Alvarion. Quelles sont, du point de vue d'un investisseur, les spécificités des entreprises high-tech israéliennes ? Ce marché s'est toujours bien comporté, notamment par rapport à l'Europe. On peut en juger par le nombre de sociétés israéliennes cotées au Nasdaq : 140, contre dix sociétés françaises seulement. Un modèle vertueux s'est imposé en Israël ces trois dernières années, en se fondant sur trois facteurs-clés : la qualité du système éducatif, la qualité de l'immigration et aussi l'importance du marché militaire. S'y ajoute une vocation naturelle, pour les sociétés israéliennes, à s'adresser immédiatement aux marchés internationaux les plus importants, faute d'un marché local et même d'un marché régional suffisamment développé. C'est ainsi que, très tôt, des sociétés israéliennes se sont introduites au Nasdaq, dirigées par des entrepreneurs qui ont entraîné derrière eux des équipes devenues, à leur tour, des gisements d'entrepreneurs en puissance. Quels avantages l'ancrage français de Partech vous confère-t-il en Israël ? Je crois que nous avons deux particularités susceptibles d'intéresser ces entrepreneurs : notre accès naturel au marché américain, via notre bureau de San Francisco, mais aussi notre culture, pas très éloignée de la leur, à cheval entre le monde méditerranéen et le monde occidental. Avec la présence locale - nous avons un représentant permanent sur place - nous réunissons ainsi trois conditions sans doute indispensables à l'établissement facile de relations avec le secteur. propos recueillis par Marc Angrand
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