L'étau financier se desserre pour Qwest

Qwest ne sera donc pas le prochain opérateur américain à payer de sa vie la crise du secteur. Du moins pas avant un an. Le groupe de Denver, qui avait tiré la sonnette d'alarme il y a quelques jours en évoquant la menace d'un défaut sur sa dette (lire ci-contre), a finalement obtenu de ses banques un assouplissement des conditions d'une ligne de crédit de 4 milliards de dollars. Il estime ainsi être en mesure "de rembourser les dettes arrivant à échéance au cours des douze prochains mois et de financer ses investissements et ses dépenses d'exploitation pendant cette période". Présent dans quatorze Etats américains et propriétaire d'un réseau international à haut débit, Qwest obtient donc un ballon d'oxygène vital. Le groupe, qui maintient son objectif de dégager un cash-flow positif à partir du deuxième trimestre de cette année, était menacé de se voir couper les vivres par ses banques. Mais celles-ci ont consenti à ce qu'il dépasse les ratios d'endettement prévus initialement pour l'ouverture de la ligne de crédit : la dette de Qwest pourra ainsi atteindre 4,25 fois son Ebitda (équivalent de l'excédent brut d'exploitation) au terme des trois premiers trimestres de cette année, et 4 fois l'Ebitda au 31 décembre. Ce ratio était plafonné jusqu'à présent à 3,75. Dans le cadre de cet accord, Qwest a remboursé à ses créanciers 608 millions de dollars issus de l'émission obligataire de 1,5 milliard bouclée la semaine dernière. Il leur doit donc encore 3,4 milliards au titre de sa facilité bancaire, mais le groupe dispose d'une option pour retarder d'un an (donc au 3 mai 2003) l'échéance de celle-ci. Au-delà, le groupe utilisera une partie des fonds issus de futures cessions ou d'opérations réalisées sur les marchés de capitaux pour ramener cette dette à 2 milliards ou moins. Les inquiétudes sur sa capacité à honorer ses dettes avaient valu il y a quelques jours à Qwest de voir sa note financière abaissée par Moody's au rang Baa3, soit un cran seulement au dessus de celui des "junk bonds", les obligations à haut risque. Les concessions obtenues de ses banques ne le mettent cependant pas à l'abri des ennuis : le groupe fait l'objet d'une enquête des autorités boursières américaines sur ses pratiques comptables, et notamment sur la prise en compte, au titre du chiffre d'affaires, d'accords de cession d'excédents de capacité à des concurrents.Sur le New York Stock Exchange, après avoir perdu près de la moitié de sa valeur en un mois, en raison des craintes liées à sa capacité de survie, l'action Qwest profite des dernières bonnes nouvelles : elle gagne 10,25% en milieu de journée à 9,57 dollars.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.