Deutsche Telekom refuse de s'exprimer sur l'avenir de VoiceStream

Par latribune.fr  |   |  499  mots
Vendra, vendra pas ? En ces temps difficiles ou la priorité est au désendettement des grands groupes menacés d'asphyxie financière, la question ne concerne pas seulement Vivendi Universal... Elle vise désormais un autre des grands malades de l'Europe des TMT, à savoir Deutsche Telekom. Les investisseurs espèrent en effet que la présentation, mercredi, des résultats du groupe pour le deuxième trimestre, donnera l'occasion à ses dirigeants - intérimaires, après l'éviction de Ron Sommer - de préciser l'avenir de sa filiale mobile américaine, VoiceStream.Deutsche Telekom refuse pour l'instant de commenter les informations de presse selon lesquelles il a désigné trois banques pour étudier d'éventuelles offres de reprise totale ou partielles de VoiceStream. Selon le Financial Times, notamment, le groupe aurait choisi Goldman Sachs, Deutsche Bank et JP Morgan pour l'assister sur ce dossier. Mais aucune décision définitive ne devrait être prise avant novembre, ajoute le quotidien britannique. Des informations qualifiées de "spéculations" par le groupe. Mais prises très au sérieux par les analystes. VoiceStream, racheté en 2000 pour un total de 42 milliards d'euros, a fortement contribué à creuser la dette de Deutsche Telekom, qui a culminé à 67 milliards fin 2001. Et l'objectif fixé par l'équipe Sommer de ramener cet endettement à 50 milliards fin 2003 semble aujourd'hui très difficile à réaliser : l'introduction en Bourse de la filiale de téléphonie mobile, T-Mobile, censée faire entrer 10 milliards d'euros à elle seule dans les caisses, est de plus en plus improbable au vu de la dégradation continuelle de la conjoncture boursière. VoiceStream apparaît dès lors comme le moyen le plus rationnel de renflouer les caisses. Selon Merrill Lynch, la vente totale de VoiceStream pourrait rapporter 6 à 10 milliards d'euros.Sixième opérateur mobile américain avec huit millions de clients (soit 7% de part de marché), VoiceStream a dégagé au deuxième trimestre le second Ebitda positif de son histoire (156 millions de dollars exactement, en hausse de 50% sur le trimestre précédent). Mais sa croissance coûte cher : le coût d'acquisition des nouveaux clients a atteint 311 dollars au deuxième trimestre, contre 291 dollars au premier. Les analystes lui donnent en outre peu de chances d'accroître son poids sur le marché américain, à moins de se rapprocher de l'un des leaders, comme AT&T Wireless ou Cingular Wireless.Et surtout, la consolidation de la perte nette de VoiceStream (3,9 milliards de dollars au premier semestre) et l'amortissement des survaleurs liées à son rachat vont peser très lourd dans les résultats semestriels de Deutsche Telekom. Ce qui forcera l'opérateur allemand à annoncer la plus lourde perte de son histoire, proche de 3,5 milliards d'euros pour le seul premier semestre, soit autant que sur l'ensemble de 2001. Un triste record pour Helmut Sihler, le PDG par intérim, qui doit être d'autant plus incité à rechercher un remplaçant à Ron Sommer. Une tâche restée vaine pour l'instant, a-t-il reconnu la semaine dernière.