Bouygues candidat à l'UMTS avec NTT DoCoMo

C'est à Tokyo que Martin Bouygues a choisi d'officialiser la nouvelle : Bouygues Télécom est bien candidat à une licence UMTS. Après y avoir renoncé lors du premier appel d'offres d'août 2000, après avoir réaffirmé son scepticisme l'an dernier, le troisième opérateur français se lance, profitant de la considérable baisse de prix consentie par l'Etat l'automne dernier (de 4,9 milliards à 619 millions d'euros) et de l'allongement de la durée de la licence de 15 à 20 ans. Il déposera donc un dossier de candidature avant la date-limite du 16 mai. Mais Bouygues ne tentera pas seul l'aventure de la téléphonie mobile de troisième génération : il s'allie au champion incontesté de la spécialité, l'opérateur japonais NTT DoCoMo.Ainsi, la licence - qui a peu de chances d'échapper à Bouygues, étant donné l'absence d'autres candidatures - devrait permettre aux deux nouveaux alliés de lancer en France une version "localisée" du service i-mode de DoCoMo, qui compte 32 millions d'abonnés au Japon. Les deux alliés ont conclu à cet effet un accord qui prévoit un lancement d'ici un an et aux termes duquel Bouygues Télécom pourra utiliser la technologie et la marque i-mode. Martin Bouygues estime "raisonnable" de prévoir le lancement des premiers services de troisième génération "fin 2003 ou début 2004". En attendant, l'i-mode français devra se contenter des technologies GSM et GPRS pour "une mise en place progressive de ses services multimédia mobile, en fonction du rythme de développement du marché et de son ampleur". NTT DoCoMo pourra ainsi doper sa stratégie européenne : la prise de participation de 15% prise en 2000 dans KPN Mobile, la filiale de l'opérateur historique néerlandais, lui a en effet permis de lancer l'i-mode en Allemagne le 16 mars dernier, sur le réseau d'E-Plus, troisième opérateur du pays et propriété de KPN Mobile. Le lancement aux Pays-Bas est prévu demain et la Belgique doit compléter le tableau en juin ; désormais, l'i-mode peut espérer toucher quelque 6,6 millions d'abonnés supplémentaires. "Avec Bouygues Télécom à bord, nous sommes heureux d'accompagner l'expansion future de la communauté i-mode en Europe", se félicite dans un communiqué le PDG de NTT DoCoMo, Keiji Tachikawa. Pas question en revanche d'alliance capitalistique entre les deux nouveaux partenaires. Il est probable que ni l'un, ni l'autre ne la souhaitaient : alors que Bouygues vient de se renforcer dans sa filiale à l'occasion du désengagement de Telecom Italia, NTT DoCoMo a revu sa stratégie après les déboires subis par ses investissements à l'étranger : la dévalorisation de ses 15% de KPN Mobile et des 16% acquis dans l'américain AT&T Wireless l'ont contraint à inscrire plus de 800 milliards de yens (6,9 milliards d'euros) de charges exceptionnelles dans ses comptes 2001-2002.Bouygues s'est d'ores et déjà donné les moyens de ses nouvelles ambitions : le groupe annonce ce matin le lancement d'un emprunt obligataire de 750 millions d'euros sur sept ans, qui pourra être porté à un milliard si la demande des investisseurs le justifie. De quoi payer les 619 millions d'euros dus à l'Etat en cas d'obtention de la licence et les premiers investissements dans la mise à niveau du réseau. Pour justifier cette émission, Bouygues rappelle aussi qu'il a récemment dû financer l'acquisition de la participation de Telecom Italia dans Bouygues Télécom et la souscription à l'augmentation de capital de sa filiale mobile.A la Bourse de Paris, l'action Bouygues gagnait 3,52% en clôture à 35,92 euros, retrouvant pratiquement son niveau du début d'année.
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