"Les entreprises se tiennent prêtes à réinvestir..."

Au vu des premiers résultats publiés par les entreprises high-tech aux Etats-Unis, peut-on anticiper une reprise des investissements ?Les commentaires pour les prochains mois restent divergents. Par exemple, Intel et Microsoft se sont montrés circonspects, tandis qu'IBM a prédit la reprise. Tout va dépendre du secteur. Dans l'informatique, les entreprises ont massivement investi en 1999 pour préparer le passage à l'an 2000, elles se sont donc retrouvées avec des parcs informatiques tout neufs. Le cycle de renouvellement de ces parcs étant de 3 ou 4 ans, elles pourraient réinvestir en fin d'année ou début 2003. Mais la donne a changé : auparavant, elles n'avaient de cesse d'accroître la capacité des machines afin de faire tourner des applications toujours plus gourmandes. C'est moins vrai aujourd'hui où les machines sont devenues assez puissantes pour supporter la plupart des logiciels. En revanche, les entreprises ont besoin de communiquer de plus en plus. Les investissements se déplacent donc vers les réseaux, les logiciels de sécurité, de paiement électronique, d'identification, etc.. Mais globalement, ce n'est pas le grand enthousiasme. Les entreprises vont surtout tenir compte du climat général de l'économie. Je pense qu'elles se tiennent prêtes à réinvestir s'il devient plus favorable.Certains secteurs comme l'optique ou les équipementiers télécoms, ne montrent pas de signes de reprise, pourquoi ?Il y a eu des investissements massifs dans l'optique jusqu'à la mi-2001. Résultat, les capacités de transport de données sont maintenant supérieures aux besoins. Il va maintenant falloir donner l'accès au Réseau : seulement 10 millions d'Américains sont équipés d'un accès à l'Internet haut-débit. Le besoin en investissements est donc important dans les équipements de bout de chaîne(s), ce qui va profiter à des entreprises comme Ciena, Juniper ou même Cisco. En revanche, JDS Uniphase ou Corning devraient encore connaître quelques trimestres difficiles.Pour les télécommunications, le problème est double. L'année 2001 a été marquée par un ralentissement brutal des investissements. Parallèlement, les besoins se sont déplacés vers les équipements de transmission de données. Du coup, les fabricants de centraux téléphoniques comme Lucent, Nortel ou Alcatel sont allés droit dans le mur, même s'ils tentent aujourd'hui de se repositionner. Et ce sont des groupes comme Cisco ou Juniper qui leur prennent des parts de marché.Que pensez-vous des trois exceptions positives de la saison des résultats, Dell, Nokia et Amazon ?Il est logique que Dell et Nokia en tant que leaders aient gagné des parts de marché et soient les premiers à bénéficier de la reprise. Quant à Amazon, c'est très différent. Certes, le groupe est bénéficiaire pour la première fois de son histoire mais c'est en partie grâce à des gains de change. Je trouve en outre les perspectives de croissance plutôt faibles, même si les 10% de progression annoncés, qui comprennent évidemment le développement à l'international, sont supérieurs au taux de croissance moyen du secteur du livre. N'oublions pas que la distribution nécessite de très gros volumes étant donné le niveau des marges. Je reste donc assez sceptique, bien que le modèle soit viable. Le problème, c'est la valorisation du titre qui est supérieure au secteur : Amazon se paie 1,7 fois son chiffre d'affaires contre 1,3 fois pour Wal-Mart.Après la douche de 2001, comment les investisseurs vont-ils aborder le marché cette année ? Je pense qu'on a vu le pire en septembre au niveau des cours. Même si la reprise risque de se faire attendre un trimestre ou deux, elle sera bien là. Tout va dépendre de la forme quelle prendra. Sera-t-elle en forme de " V " ou de " U " ? Quoiqu'il en soit, les analystes restent très frileux sur les perspectives en 2003, ce qui peut présager de bonnes surprises. A mon avis, les investissements vont se concentrer dans des domaines comme la sécurité, le paiement électronique, ou encore le stockage de données. Si les valeurs sont chères dans ce dernier secteur, les fondamentaux sont excellents. Je pense que les équipementiers télécoms également devraient bien repartir pour ceux qui offrent des équipements de pointe. Le secteur du " wireless " aux Etats-Unis ", actuellement complètement délaissé est celui qui me semble offrir les meilleures perspectives boursières ( Sprint PCS, Nextel, AT&T Wireless). Mais contrairement aux années passées, les investisseurs vont devoir privilégier le " stock picking ", au lieu de miser de façon indifférenciée.propos recueillis par Sandrine C
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