Global Crossing, surendetté, dépose son bilan

Le sursis accordé fin décembre à Global Crossing par ses banques créancières n'aura pas suffi à lui épargner la disgrâce : l'opérateur basé aux Bermudes, plombé par son endettement, a été contraint de demander la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites. Un dépôt de bilan peu glorieux pour cette ex-étoile naissante du marché mondial des télécoms, qui a construit en quelques années un réseau mondial de quelque 160.000 kilomètres, reliant 200 villes dans 27 pays d'Amérique, d'Europe et d'Asie.C'est de ce dernier continent qu'est cependant venu une note d'espoir : le conglomérat hongkongais Hutchison Wampoa et l'opérateur singapourien Singapore Technologies Telemedia ont en effet accepté d'apporter 750 millions de dollars à Global Crossing, prenant ainsi la majorité du capital. Hutchison Whampoa et la filiale asiatique du groupe Asia Global Crossing détiennent à parité une société commune offrant des services de télécommunication à Hong Kong, tandis qu'à Singapour, Asia Global Crossing est allié avec Singapore Technologies Telemedia à 50/50 dans StarHub Crossing. La filiale asiatique n'est en revanche pas concernée par le dépôt de bilan de la maison-mère et a chargé la banque Lazard d'étudier diverses possibilités de restructuration et de refinancement.Global Crossing est désormais en passe de se classer au quatrième rang des faillites les plus retentissantes de l'histoire des Etats-Unis. La reprise du groupe par ses deux partenaires asiatiques est réalisée sous conditions, la principale étant la mise en oeuvre d'une vaste restructuration de la dette du groupe, créé en 1997 et dont les investissements ont atteint 20 milliards de dollars sur quatre ans. Cette restructuration impliquerait évidemment les banques créancières, au premier rang desquelles figurent notamment JP Morgan Chase et Citibank. "Avec cette restructuration, nous croyons que nous pouvons devenir le leader mondial de la fourniture de services de réseaux reliant les 200 principales villes du monde aux entreprises internationales et aux opérateurs", assure dans un communiqué le PDG du groupe, John Legere. Il ajoute que l'activité de Global Crossing se poursuivra normalement pendant la phase de restructuration. "Notre problème est un problème de bilan, pas d'exploitation", résume-t-il. Global Crossing affiche 12,4 milliards de dollars de dettes pour 22,4 milliards d'actifs.Après l'annonce de la suppression de 3.200 emplois et de la baisse des investissements, les résultats trimestriels publiés en décembre s'étaient soldés par une perte de 3,4 milliards de dollars, dont deux milliards au titre des dépréciations d'actifs (le groupe était notamment actionnaire de l'hébergeur Exodus). Ces résultats avaient conduit Standard & Poor's à déclasser le groupe au niveau des "junk bonds", les obligations à très haut risque. Loin de rassurer les investisseurs, l'entrée au capital d'Hutchison Whampoa et Singapore Technologies, et surtout la perspective d'une dilution des actionnaires actuels, ont provoqué une nouvelle chute de l'action Global Crossing sur le Nasdaq : le titre perdait 41,18% à 0,30 dollar lors de sa première cotation lundi, ramenant ainsi la valeur boursière totale du groupe à 266 millions de dollars. Le titre avait culminé au-dessus de 60 dollars début 2000. latribune.f
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