KPNQwest aux abois, KPN confiant

Par latribune.fr  |   |  463  mots
Après l'inquiétude, la panique : à la Bourse d'Amsterdam, les investisseurs commencent à s'affoler pour l'avenir de KPNQwest, l'opérateur de réseaux optiques créé par l'ex-monopole néerlandais KPN et l'opérateur américain Qwest. Après avoir perdu 15% jeudi et 10,37% vendredi derniers, l'action a vu sa cotation suspendue en fin de matinée alors qu'elle chutait de 55,6%. Les transactions ont finalement repris en fin d'après midi et le titre a terminé la séance sur un recul de 47,41% à 1,22 euro.A l'origine de cet emballement de la baisse, un énième "profit warning" de la société. Et surtout la désignation de la banque américaine Bear Stearns & Co en vue de la restructuration de sa dette. Une démarche qui pourrait aboutir à la prise de contrôle de KPNQwest par ses créanciers obligataires. Après le britannique NTL il y a quelques jours, l'opérateur serait ainsi la dernière victime en date de la crise des télécoms et des médias. Dans un communiqué, KPNQwest explique que la mission de Bear Stearns vise à "explorer les moyens alternatifs d'une réorganisation de son bilan", parmi lesquels une nouvelle levée de fonds (sans en préciser la forme éventuelle), la cession d'actifs non-stratégiques et une recapitalisation "qui pourrait aboutir au non-paiement des intérêts sur la dette à haut rendement de l'entreprise". La dette globale accumulée par KPNQwest ces dernières années pour construire un réseau de 25.000 kilomètres courant dans 18 pays d'Europe, dépassait 2 milliards d'euros fin décembre. Parallèlement, il annonce avoir revu à la baisse ses objectifs financiers 2002, "à la lumière de conditions de marché sévèrement dégradées". Le chiffre d'affaires devrait se situer entre 1 et 1,03 milliard d'euros, au lieu des 1,3 milliards évoqués jusqu'à présent, et l'Ebitda (excédent brut d'exploitation) est attendu aux alentours de 140 millions, au lieu de 175. Après ces annonces, Moody's et Standard & Poor's ont abaissé les notes financières de KPNQwest. La dette senior du groupe est ainsi désormais notée Caa3 par Moody's et CCC- par S&P. Comme dans le cas du câblo-opérateur britannique NTL, KPNQwest risque donc aujourd'hui de voir ses créanciers transformer la dette obligataire en capital, ce qui diluerait les actionnaires actuels. Une perspective qui - officiellement du moins - ne préoccupe par KPN, actionnaire à 40%. Le groupe néerlandais, qui s'efforce lui-même de sortir d'une grave crise financière, a réaffirmé ses objectifs financiers 2002, en précisant toutefois que son exposition maximale au dossier KPNQwest est de 700 milions d'euros. L'action KPN reculait quand même de 3,7% à 5,20 euros en clôture jeudi. Quant à Qwest, premier actionnaire avec 47% des parts, il n'a pour l'instant fait aucun commentaire.