Merck aurait triché sur ses revenus

Feu de paille ou nouvel Enron ? Le géant pharmaceutique Merck aurait gonflé artificiellement ses comptes en y inscrivant des recettes qui ne lui sont en fait jamais parvenues. En effet, sa filiale Medco gère des systèmes de mutuelles santé (pharmacy-benefit programmes) pour employeurs et assureurs. Selon le système américain, les clients de ces mutuelles "co-payent" aux pharmacies une partie des médicaments pré-achetés par ces dernières. Le produit de cette contribution revient directement à la pharmacie qui le conserve, et ne remonte donc pas dans les comptes de la maison mère.Le Wall Street Journal annonce donc ce lundi que le montant du chiffre d'affaires fictif, que Merck vient de communiquer à la SEC, s'élève à 12,4 milliards de dollars, soit 12,7 milliards d'euros, sur une période de 3 ans, de 1999 à 2001. Période au cours de laquelle le chiffre d'affaires généré par le "co-paiement" des clients auprès des pharmacies a représenté 10% de l'activité totale publiée de Merck.L'affaire n'est pas toute récente car Merck, spontanément après l'affaire Enron, avait déjà fait part de cette "erreur" à la SEC (Securities & Exchanges Commission), le gendarme boursier américain, au mois d'avril dernier, sans pour autant dévoiler le montant des sommes en jeu. Un aveu qui intervenait dans le cadre du projet d'introduction en Bourse (IPO) de 20% du capital de Medco. Une opération mise à mal par l'état des marchés boursiers et la frilosité des investisseurs. La faiblesse des souscriptions à l'IPO a déjà fait chuter de deux dollars la fourchette de prix proposée. Elle s'établit désormais entre 20 et 22 dollars, contre 22 à 24 auparavant. Initialement, Merck espérait pouvoir introduire 46,7 millions d'actions Medco à ce prix.Merck communique ce chiffre aux autorités boursières une semaine après que la SEC ait demandé aux dirigeants de 900 compagnies de prêter serment sur la véracité de leurs rapports financiers. Selon le Wall Street Journal, le géant pharmaceutique estime que sa politique et ses méthodes comptables de prise en compte de revenus sont conformes aux "principes comptables généralement acceptés" et aux normes GAAP en vigueur. Merck affirme par ailleurs que cette prise en compte de revenus supplémentaires n'affecte pas sa comptabilité globale.Par les temps qui courent, l'argument est un peu faible. Déjà le cabinet Merrill Lynch vient de dégrader la valeur d'"achat" à "neutre" sur le long terme. l'analyste estime le gonflement artificiel du chiffre d'affaires, même s'il n'y a pas d'impact sur le résultat, reste important comparé aux 26,36 milliards de revenus de Medco en 2001, ce qui selon lui compromet l'IPO de Medco.Selon Reuters, un cabinet d'avocats, se disant représentants des actionnaires minoritaires, aurait intenté un recours contre Merck le 1er juillet. A Paris, l'action Merck plongait de plus de 10% avant de ramener ses pertes à 1,85% en clôture. A Wall Street, le titre recule de 2,19% à 47,79 dollars.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.