Scor très prudent sur ses prévisions

Le redressement constaté par le réassureur Scor au premier trimestre n'était-il qu'un simple sursaut? Le marché peut se poser la question. Car, alors qu'en mai dernier le groupe parlait de "tendances positives" tout en se fixant un objectif de croissance annuelle de 20% et de retour sur fonds propres de 10% (voir ci-contre), le discours se veut aujourd'hui bien plus modéré. "Le poids des provisions passées au premier semestre sur les investissements en actions et l'incertitude de l'évolution des marchés financiers, même si le groupe s'en est largement protégé, rendent difficile toute prévision de résultat pour l'ensemble de l'exercice", peut-on lire dans le communiqué des résultats semestriels. Dès lors, Scor se contente de déclarer qu' "une amélioration sensible des résultats techniques devrait se poursuivre au second semestre". Son objectif de retour sur fonds propres est désormais compris entre 8 et 10%. La fin de l'année devrait notamment être marquée par des coûts de 40 à 50 millions d'euros liés aux inondations.Déjà, le deuxième trimestre n'a pas été des plus porteurs pour le groupe, qui parle lui-même de "crise sans équivalent depuis un demi-siècle". Sur les trois premiers mois de l'année, il avait fait passer son résultat net de -24 à +7 millions d'euros. La tendance s'est inversée sur le trimestre suivant, avec un résultat qui est tombé de 74 à 14 millions d'euros. Du coup, sur l'ensemble du semestre, le bénéfice net a chuté de 58% à 21 millions d'euros. Certes, Scor a dégagé des plus-values, notamment avec la cession des titres Coface. Mais elles n'ont compensé qu'en partie l'impact de la déprime des marchés. "La dégradation des marchés boursiers a entraîné une dépréciation du portefeuille actions provisionnée à hauteur de 83 millions d'euros, comparée à 8 millions d'euros à fin juin 2001". A celà, il faut ajouter "27 millions d'euros de moins-values réalisées pour 'désensibiliser' le portefeuille actions". Le groupe dit vouloir maintenir une politique d'investissement très "défensive" tant que les marchés resteront tendus.Cet affaiblissement des résultats se retrouve aussi au niveau opérationnel mais dans des proportions moindres, grâce à l'augmentation des tarifs de réassurance. Au premier trimestre, il était de 19 millions d'euros, contre -55 millions un an plus tôt. Sur les trois mois suivants, il est tombé de 97 à 60 millions d'euros (la société ne fournit pas d'explication dans son communiqué). Cela lui permet tout de même de rester en progression sur le semestre, à 79 millions d'euros (+88%).La tendance est globalement la même du côté du chiffres d'affaires. Après avoir progressé de 28% à 1,43 milliard d'euros entre janvier et mars, il ne gagne plus que 6% à 2,51 milliard d'euros sur l'ensemble du semestre. Le groupe ne donne pas de chiffres et d'informations détaillés pour le deuxième trimestre, mais une simple déduction permet de constater que ses revenus ont reculé d'environ 13% entre avril et juin. C'est la réassurance dommages qui tire le mieux son épingle du jeu avec un chiffre d'affaires en hausse de 32% (1,16 milliard) sur le semestre. En revanche, la réassurance de spécialités se replie de 7% à 643 millions d'euros.En Bourse, le marché réserve un accueil très frileux au discours et aux chiffres de la société. Eric Vanpoucke, de Global Equities, constate que "la faiblesse des fonds propres de Scor lui interdit toute marge de manoeuvre dans ses souscriptions". En clôture, l'action s'enfonce de 12,5%, à 16,45 euros, passant ainsi la barre des -50% en termes de performance annuelle.En marge de ces résultats, le groupe a également déclaré dans un bref communiqué qu'il était en "discussions exclusives avec le groupe [allemand] Gerling en vue de l'acquisition éventuelle de ses activités de réassurance vie et de certaines opérations de réassurance non-vie de ce groupe". Une annonce qui a immédiatement conduit Standard & Poor's à placer sous surveillance, avec implication négative, l'ensembles des notes à long terme de Scor.
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