Lagardère émet des obligations échangeables en actions T-Online

Soucieux, d'après ses propres termes, de "réduire le coût moyen de son financement", le groupe de médias Lagardère a annoncé mardi matin qu'il allait émettre des obligations échangeables en actions du fournisseur d'accès à Internet allemand, T-Online.Cette opération, dirigée par JP Morgan et Morgan Stanley, porte sur 768 millions d'euros (contre 700 millions initialement prévus), avant l'option de sur-allocation de 15%. Ces obligations, d'une maturité de trois ans, offrent un coupon annuel et un taux de rendement actuariel brut de 2,5%. Ces modalités définitives ont été fixées au cours de l'après-midi. La valeur des obligations fait ressortir une prime de 25% sur le cours de l'action T-Online.L'échange sera possible à tout moment à raison de 78,43 actions pour une obligation de 1.000 euros de nominal. Quant à l'option de remboursement anticipé, l'émetteur pourra l'exercer dès le 30 avril 2003 si le cours de l'action T-Online excède 125% du prix de remboursement. Les porteurs devront, de leur côté, attendre le 15 décembre de la même année pour demander le remboursement anticipé (si le cours de l'action est inférieur ou égal au prix d'échange).Une coopération industrielle maintenue. Lagardère était entré au capital de T-Online, à hauteur de 6,5%, en février 2000 lorsqu'il avait cédé son fournisseur d'accès à Internet, Club Internet. Aujourd'hui sa participation dans la filiale de Deutsche Telekom est encore de 5,69%.Si l'opération annoncée mardi matin est susceptible, à terme (et en cas d'échange des obligations), de dénouer les liens capitalistiques entre le fournisseur d'accès à Internet et Lagardère, ce dernier se défend toutefois de vouloir couper les ponts avec son partenaire allemand. Il s'agit selon lui simplement d' "accroître la flexibilité financière". Et Lagardère "confirme son engagement à poursuivre la coopération industrielle actuellement en vigueur entre les deux groupes".Néanmoins, les spéculations ont été vives après l'annonce de l'opération. Car Lagardère n'a jamais caché qu'il monétiserait sa participation en cas de reprise du cours de T-Online et en cas d'opportunité d'investissement. Aussitôt les regards se sont tournés vers Canal Plus, d'autant que dans son édition de mardi Libération évoquait une possible scission de Vivendi Universal (VU) entraînant une cession de Canal Plus.Des rumeurs démenties de rachat de Canal Plus. Selon le quotidien, le groupe de Jean-Marie Messier pourrait en effet donner naissance à deux entités, avec d'un côté Cegetel et Vivendi Environnement et de l'autre le reste des activités de VU. Dans ce scénario, les actionnaires américains seraient susceptibles de monter au capital de cette seconde entité, tournée vers les médias. Or, les investisseurs américains étant peu attirés par Canal Plus et la loi française interdisant la prise de contrôle d'une chaîne par un groupe étranger, il faudrait alors trouver un acquéreur pour la chaîne cryptée. Et le quotidien de citer pêle-mêle comme repreneurs possibles, Vincent Bolloré, Jérome Seydoux, Pdg de Pathé et aussi Lagardère.Ce dernier a rapidement démenti les rumeurs selon lesquelles le but de l'émission obligataire était un rachat de Canal Plus. "Nous ne sommes pas en train de racheter Canal Plus, qui n'est même pas à vendre (...). Il n'y a pas de lien direct", a indiqué un porte-parole cité par Reuters. Mais le groupe n'a pas pour autant démenti que les fonds récoltés pourraient être destinés à une acquisition. "Le but de l'émission est de rendre liquide quelque chose qui ne l'était pas, de nous permettre de disposer de cash à un taux intéressant, de facon à avoir une force de frappe s'il y avait un intérêt dans telle ou telle société" a ajouté le porte-parole sans, bien évidemment, nommer les cibles potentielles.En Bourse, l'action Lagardère reste peu sensible à la nouvelle. En fin de séance, elle cède 0,79% à 50,05 euros. Le titre T-Online, sous-jacent de l'émission obligataire, est en revanche nettement plus pénalisé par l'annonce. Subissant des arbitrages, il chute de 5,36% à 10,60 euros. Le titre avait beaucoup monté la semaine dernière sur fond de rumeurs d'entrée de Microsoft au capital (lire ci-contre).En revanche, les spéculations sur la cession de Canal Plus et la scission du groupe ont porté le titre Vivendi Universal qui gagnait près de 6% à la mi-journée. Et le démenti de Lagardère n'a pas fondamentalement remis en cause la tendance, puisqu'en fin d'après-midi l'action avance encore de 3,6% à 33,10 euros.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.