Nouveaux coups durs pour Vivendi Universal

Publiés cette nuit, les comptes trimestriels de Vivendi Universal, coté sur le NYSE, qui consolident les pôles médias et environnement de la compagnie, enregistrent une perte nette de 17,01 milliards d'euros. Les résultats trimestriels sont en effet établis selon les normes comptables américaines US GAAP. Selon ces nouvelles règles, une compagnie doit inscrire en une seule fois une charge exceptionnelle, si la valeur comptable d'une acquisition, en l'occurence Canal+ et les actifs d'Universal acquis en décembre 2000, se déprécie fortement, au gré notamment des variations en Bourse. Cette nouvelle méthode de calcul du "goodwill" (amortissement des écarts d'acquisition) adoptée par Vivendi aboutit donc à enregistrer une charge exceptionnelle de 17 milliards d'euros. Les marchés réagissent vivement à ce chiffre supérieur de 2 milliards aux annonces du groupe en mars dernier. "L'écart de chiffres est le résultat mécanique - comme indiqué lors de nos résultats annuels -, des différences, dans les valeurs de livres entre les comptabilités française et américaine" souligne aujourd'hui le groupe dans un communiqué. "Après cet amortissement de survaleurs, le niveau de fonds propres du groupe est d'environ 37 milliards d'euros", précise VU. Il y a eu un malentendu entre le groupe et les investisseurs, comme l'explique l'agence Reuters : "Lors de la publication de ses résultats annuels, VU avait annoncé en norme comptable française une charge pour dépréciation de survaleurs de 12,64 milliards d'euros. Cette charge était majorée d'un amortissement financier ou de survaleurs non récurrent pour un milliard d'euros et d'un amortissement récurrent, pour aboutir à une charge totale de 15,7 milliards en normes françaises. VU annonçait à l'époque qu'en US GAAP, les différences dans les valeurs comptables et les intérêts minoritaires augmenteraient la charge de 2,6 milliards d'euros sans préciser si ce chiffre devait être ajouté aux 12,64 milliards ou aux 15,7 milliards, d'où la confusion du marché sur les chiffres." Une confusion qui ne fait qu'aggraver la défiance des opérateurs pour VU, sa transparence et sa stratégie.Vivendi Universal est passé aux normes comptables américaines à compter de l'exercice 2002. VU avait déjà accusé une perte comptable nette de 13,6 milliards d'euros en 2001, aux normes françaises, après avoir décidé de passer des amortissements de survaleurs pour un total de 15,7 milliards d'euros (voir notre dossier). En ce qui concerne les autres chiffres, le bénéfice opérationnel consolidé de Vivendi Universal a progressé de 11% à 781 millions d'euros au 1er trimestre 2002 par rapport à la même période de 2001. Le chiffre d'affaires a augmenté de 16,5% à 13,1 milliards d'euros. La croissance est de 12% à périmètre comparable, Vivendi ayant racheté dans l'intervalle l'éditeur américain Houghton Mifflin, le site de musique américain MP3.com et 35% de Maroc Télécom.Dans un communiqué, Jean-Marie Messier a réitéré les priorités stratégiques de Vivendi Universal pour 2002, déjà exposées lors de l'assemblée générale la semaine dernière : pas d'acquisitions majeures, une réduction active de l'endettement et une attention particulière à la gestion des liquidités. Le PDG indique qu'au cours du trimestre, le groupe a "fortement amélioré la gestion de trésorerie, la réduction de l'endettement, les synergies et la croissance du chiffre d'affaire".Depuis la tenue de l'assemblée générale, le 24 avril dernier (lire ci-contre), le flot de mauvaises nouvelles et de rumeurs va encore bon train. Le groupe a ainsi déposé une plainte pénale contre X suite à un soupçon de piratage du système de votes lors de l'AG (lire ci-contre). Selon Vivendi, un trucage des votes a abouti au rejet de deux propositions et nécessite la reconvocation des actionnaires.De plus, la Tribune d'aujourd'hui révèle que VU s'est engagé à racheter 19,7 millions d'actions entre 60,40 et 80 euros d'ici à la fin 2002. Le risque pour VU sur 2002 et 2003 serait estimé à plus de 700 millions d'euros (lire ci-contre).Enfin, le Financial Times de ce mardi matin, dans un article de une particulièrement sévère pour le groupe, rapporte les désillusions de certains managers américains, recueillies lors du conseil d'administration exceptionnel du groupe, réuni pour l'affaire du piratage. "Vivendi en tant que vision a échoué", "la foi en la convergence s'estompe", "la nouvelle stratégie n'a aucune chance d'attirer les investisseurs américains": tels sont les propos désabusés rapportés par le quotidien. La cession du portail Internet Vizzavi serait notamment envisagée par le conseil d'administration, alors que, dans l'entourage de Barry Diller, PDG de la branche américaine Vivendi Universal Entertainment, on évoque la possible scission de celle-ci et sa fusion avec NBC. Un scénario, qui, selon le Financial Times, serait le seul à même de séduire les investisseurs américains.Sur ce flot de mauvaises nouvelles et de supputations, l'action Vivendi chutait jusqu'à 5,22% en séance, touchant ses plus bas niveaux du début de l'année 1998. A la clôture, après la parution d'une note favorable de Merrill Lynch, la valeur a retenu ses pertes et terminé en baisse de 2,77% à 35,37 euros. Le titre perd plus de 40% depuis le début de 2002. latribune.f
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