L'économie allemande reste au ralenti

La Bundesbank avait prévenu lundi : la croissance allemande a été faible au deuxième trimestre, évoquant une progression de 0,25% au maximum. L'Office fédéral des statistiques a confirmé ce pronostic ce matin. Par rapport au premier trimestre 2002, le PIB allemand a progressé de 0,3% d'avril à juin. Un chiffre identique à celui du premier trimestre (révisé à la hausse de 0,1 point) et conforme aux attentes des économistes contactés par Reuters. L'économie allemande continue donc à stagner après trois trimestres de récession en 2001. Sur un an, la croissance outre-Rhin n'est que de 0,1%. C'est dire si on est loin de l'objectif gouvernemental d'une croissance de 0,75% sur l'ensemble de l'année 2002. Certes, le ministère des Finances, Hans Eichel, se veut optimiste en déclarant que "les indicateurs permettent d'attendre pour le second semestre une accélération sensible de l'activité économique". Rien n'est moins sûr cependant. Le détail des chiffres trimestriels est en effet peu réjouissant. Seule la reconstitution des stocks a constitué une contribution réellement positive à la croissance (0,8 point). Les entreprises ont anticipé une reprise par cette reconstitution mais, comme on l'a vu aux Etats-Unis, une telle situation n'est pas tenable si elle n'est pas suivie par une réelle reprise économique.Or, la clé de cette reprise économique, l'investissement des entreprises, est au plus mal. La formation de capital brut est en effet en recul de 2,7% sur le trimestre, sa plus forte baisse depuis le premier trimestre 2001. Un mauvais résultat dû en grande partie à la gravité de la crise dans le secteur du bâtiment, où l'investissement chute de 3,6% d'un trimestre sur l'autre, un record sur plus de deux ans. Ce désinvestissement coûte 0,5 point de croissance sur le trimestre à l'Allemagne. Plus que jamais, il s'agit donc du coeur du problème économique allemand et donc européen : redonner aux entreprises les moyens et la confiance pour investir.Plus inquiétant encore, la croissance allemande du premier trimestre reposait essentiellement sur les échanges extérieurs. Cette fois, ce poste a une contribution négative à la croissance : -0,1 point, contre +1,1 point au trimestre précédent. Le besoin de reconstituer des stocks s'est en effet accompagné d'un appel massif aux importations, en hausse de 2%. Les exportations continuent certes de progresser (+1,4%), mais de façon insuffisante. En revanche, la bonne nouvelle vient de la consommation des ménages, dont la reprise s'accélère. Maillon faible de l'économie allemande en 2001, elle a progressé de 0,3% au deuxième trimestre après une hausse de 0,1% au premier trimestre. En conséquence, pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2001, sa contribution à la croissance est légèrement positive : +0,1 point (contre -0,4 point au trimestre précédent). Reste à connaître l'évolution future de l'économie allemande. Le ralentissement économique américain va tarir le flux des exportations (le chiffre du commerce extérieur américain de juin l'a bien montré lundi) et la reprise de la consommation reste trop modeste. Par ailleurs, les inondations catastrophiques que viennent de connaître le pays lui coûteront dans l'immédiat 25 milliards d'euros. Et la demande qui naîtra dans le secteur de la construction ne sera pas suffisante pour compenser ces charges. Le second semestre s'annonce donc encore difficile outre-Rhin. Comme le remarque Rainer Guntermann, économiste chez Dresdner Kleinwort Wasserstein interrogé par Reuters, "les perspectives sont assombries par des signaux contradictoires (...) et la croissance annuelle devrait tout juste atteindre 0,5%" en 2002.Or, tant que le moteur allemand tourne au ralenti, la croissance de l'ensemble de la zone euro devrait en être affaibli. Après les faibles taux de croissance trimestriels publiés aux Pays-Bas et en Italie (+0,1% et +0,2% respectivement), l'Autriche et la Suisse ont déjà revu à la baisse et sous les 1% leurs perspectives de croissance pour 2002. La France ne devrait pas échapper à ce phénomène. Une pierre de plus dans le jardin de Francis Mer, qui table toujours, pour préparer son budget, sur 3% de croissance en 2003.
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