Les investisseurs américains ont manifestement la mémoire courte. Alors que les stratèges des banques d'investissement n'ont pas su anticiper la chute des Bourses en 2001, un vent d'optimisme souffle sur Wall Street et les gérants semblent, une fois de plus, prêter attention aux projections des " gourous " pour 2002. Hormis Douglas Cliggott, de JP Morgan Securities, qui table sur un indice S&P 500 à 950 points pour la fin de l'année, soit un repli de l'ordre de 19 % par rapport au niveau actuel, les stratèges prévoient en moyenne une croissance de 10 % de l'indice.Comme d'ordinaire, les analystes participent à cette euphorie - car avec une hausse de 45 % du Nasdaq et de 20,6 % du S&P 500 depuis le 21 septembre, il convient désormais de parler d'euphorie - en anticipant une croissance des bénéfices des sociétés américaines d'environ 16 % cette année. Mais le très respecté cabinet First Call attend quant à lui une croissance des bénéfices des sociétés composant le S&P 500 inférieure à 5 %...Si les projections du cabinet bostonien sont fondées, le réveil des investisseurs pourrait s'avérer douloureux. Car avec l'envolée des indices directeurs américains, hélas aveuglément suivie de ce côté de l'Atlantique, les valorisations des entreprises gonflent dangereusement et un réajustement brutal pourrait intervenir avant la fin de l'année. En effet, le ratio de capitalisation des bénéfices 2002 du S&P 500, qui, rappelons-le, constitue l'indice de référence des gérants de fonds outre-Atlantique, s'élève actuellement à 49 !Un niveau très élevé, qui reflète les espoirs de la communauté financière. Des espoirs un peu fous, si l'on veut bien se rappeler qu'aux Etats-Unis, le chômage s'élève désormais à 5,8 % et que le Fonds monétaire international table sur une croissance réduite à 0,7 % pour l'économie de l'Oncle Sam en 2002. Sans compter que les places financières ne sont pas à l'abri d'une nouvelle crise en provenance des pays émergents. Alors, bonne année aux investisseurs américains qui, après avoir bien trinqué en 2001, devront fermement accrocher leur ceinture en 2002 !

latribune.fr

20 Oct 2008, 4:34

Partager :