Depuis quelques jours, les marchés semblaient s'inquiéter au sujet des comptes des grandes entreprises. Ces craintes étaient fondées, puisque des irrégularités comptables portant sur 3,9 milliards de dollars ont été décelées dans les comptes de WorldCom (voir ci-contre). Mais si les Bourses européennes paraissaient s'être préparées à une déconvenue, leur réaction ce mercredi n'en a pas moins été très violente. Après la révélation des malversations chez l'opérateur américain, le Nikkei japonais avait donné le ton en cédant 4%. Et les places européennes n'ont pas inversé la tendance, bien au contraire. Les grands indices européens ont ouvert dans le rouge vif, cédant pour la plupart jusqu'à 5% dans la matinée. Un léger rattrapage a été opéré en fin de journée, mais il n'aura pas suffi à les ramener en territoire positif. Le CAC, qui a perdu jusqu'à 5,44%, cède encore 1,73% à 3.701,13 points en clôture, tandis que le Dax lâche 1,55% à 4.137,93 points. L'EuroStoxx 50, lui, abandonne 1,89% à 2.951,53 points, alors qu'à Londres le Footsie recule de 2,18% à 4.529,9 points.C'est notamment Wall Street qui a permis au Vieux continent de réduire ses pertes en fin de journée. Car après une ouverture en baisse de 3,10%, à 1.379,87 points, le Nasdaq limitait son repli à 1,48% deux heures plus tard.La séance aura donc marqué les esprits."C'est l'horreur absolue. Plus rien de ce qui vient des Etats-Unis n'est fiable", déplorait dans la journée un trader interrogé par Reuters. Personne n'a véritablement parlé de krach mais il est évident qu'après Enron, cette nouvelle affaire va provoquer un regain de crise de confiance des investisseurs. "WorldCom va affecter tout le monde, surtout ce qui est techs et télécoms, mais aussi ceux qui sont impliqués dans des affaires comptables", craignait un autre professionnel.Bien entendu les secteurs évoqués par ce trader paient un lourd tribut. Les indices DJ Stoxx des technologies et des télécommunications reculent chacun de 3,1%, après avoir dévissé plus lourdement dans la journée. Mais les autres compartiments sont eux aussi affectés, un seul des 18 secteurs recensés par DJ Stoxx (l'automobile) étant dans le vert.Paris repecte la tendance. Alors que nombre d'entre elles, dont les plus emblématiques, ont été incotables à l'ouverture, les trois-quarts des valeurs de l'indice terminent en repli. Et les groupes dont les comptes paraissent nébuleux aux yeux des investisseurs sont bien évidemment en première ligne. Alcatel, qui a présenté un nouveau programme de restructuration, abandonne 16,47% à 7,81 euros en fin d'après-midi. France Télécom chute quant à lui de 8,02% à 9,75 euros. Le groupe a signé aujourd'hui un protocole d'accord concernant la vente d'immeubles. Ce second volet du programme de cession d'actifs immobilier devrait lui rapporter 510 millions d'euros. Vivendi Universal a lui aussi été chahuté au cours de la séance. Le titre a perdu près de 20%, avant d'inverser la tendance pour finir sur une hausse de 7,78% à 21,6 euros. Dans ce contexte, on ne compte plus les planchers annuels ou historiques qui ont été touchés ce mercredi.Sur le marché des changes, le dollar a souffert de ce regain de méfiance envers les actifs américains. L'euro en a profité pour se rapprocher de la parité, franchissant en début de matinée la barre des 99 cents avant de revenir à 0,9881 dollar dans l'après-midi.

latribune.fr

20 Oct 2008, 5:23

Partager :