La Bourse de Paris broie du noir

Les journées se suivent et se ressemblent à la Bourse de Paris. Le CAC 40 a encore perdu 3,01 % à 3.623,33 points aujourd'hui, au plus bas de la séance. En trois jours, l'indice des valeurs françaises a chuté de 9 %, emporté par les craintes sur la trésorerie des grands groupes tels que Vivendi Universal, Alcatel, voire Pinault-Printemps-Redoute. Wall Street n'est d'aucun secours. Au contraire. Au moment où Paris fermait, le Dow Jones perdait 1,17 % et le Nasdaq abandonnait 1,47 %, malgré l'annonce de deux petites éclaircies dans la grisaille actuelle. Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont baissé à 382.000 la semaine dernière aux Etats-Unis, contre 393.000 sept jours auparavant, mieux qu'attendu par les économistes ; et les commandes à l'industrie ont augmenté de 0,7 % en mai dernier, autant qu'en avril, et surtout au-dessus de la prévision de 0,5 % des économistes. En revanche, en baisse à 57,2 en juin, l'indice ISM des services est inférieur aux attentes (58,1 selon Bloomberg).Dernière inquiétude des investisseurs, l'état de la trésorerie d'Alcatel. L'équipementier en télécommunications a tenté de les rassurer en indiquant qu'il dispose de plus de 4 milliards d'euros de liquidités pour une dette inférieure à 2 milliards à fin juin. De même, les lignes de crédit ne seraient pas affectées par une dégradation de la dette par les agences de notation, précise Alcatel. Après avoir touché un plus bas à 5,43 euros en séance, soit une chute de 19,8 %, le titre a légèrement réduit sa perte à - 16,25 %, à 5,67 euros.Mêmes craintes, même effet pour Pinault-Printemps-Redoute. Le titre dégringole de 11,72 % à 102,4 euros, sur une rumeur de dégradation de sa dette par les agences de notation. "La notation de PPR ne fait l'objet d'aucune remise en cause", dément le porte-parole du groupe de distribution et de luxe, jugeant " sans fondement la baisse brutale du titre ". L'action pâtit également du profit warning lancé par l'américain Estee Lauder. Egalement touché, LVMH abandonne 4,23 % à 47,30 euros. UBS a abaissé son objectif de cours sur LVMH, de 47 à 43 euros, tout en maintenant sa recommandation à " alléger ".Les agences de notation prennent donc de plus en plus d'importance. Cet après-midi, S&P a indiqué que les difficultés de Vivendi Universal n'ont pas d'incidence sur les notes de ses banques créancières, même si les problèmes dans les télécommunications et dans d'autres secteurs pèseront lourdement sur les résultats des établissements bancaires en Europe. Ce matin, Michel Pébereau, le président de BNP Paribas, avait qualifié de " farfelu " le chiffre de 4 milliards d'euros évoqué par certains médias pour évaluer l'engagement de la banque envers le groupe de médias. Selon JP Morgan, le risque financier s'élèverait à 1 milliard de dollars, " un montant peu significatif pour la banque ", selon l'analyste de la banque d'affaires américaine. L'action BNP Paribas termine en hausse de 1 % à 50,50 euros. Les autres valeurs financières sont toutes en baisse. Société Générale chute de 3,58 % à 60,65 euros. Le Crédit Agricole perd encore 3,74 % à 20,07 euros. Enfin, Axa abandonne 4,69 % à 16,26 euros.En chute de 25 % hier, l'action Vivendi Universal a encore perdu 21,91 % à 13,90 euros. Un cours jamais connu depuis juin 1988... Le flux de mauvaises nouvelles ne se tarit pas. News Corp a revu en baisse son offre de rachat sur Telepiù, la plate-forme de télévision à péage que VU détient en Italie. Il proposait initialement 1,5 milliard d'euros. Telepiù sera certainement l'un des premiers dossiers qu'aura à traiter le nouveau président de Vivendi Universal. Ce soir, un conseil d'administration devrait désigner Jean-René Fourtou, vice-président d'Aventis, à la place de Jean-Marie Messier. Selon le Monde, le président déchu de Vivendi Universal négocierait une indemnité de départ de 20 millions d'euros. Ce matin, le Wall Street Journal parlait de 18 millions, trois fois son salaire de l'an dernier, primes incluses. " Il n'y a aucune garantie d'aucune sorte ", en ce qui concerne les indemnités de Jean-Marie Messier, dément Marc Viénot, l'un des administrateurs du groupe de médias. Enfin, d'après Libération, VU aurait eu recours à des montages à la limite de la légalité pour le rachat de USA Networks en décembre 2001, ainsi que pour la vente d'actions Vinci, réalisée la semaine dernière. L'action de ce dernier gagne 1,05 % à 67,5 euros alors que Merrill Lynch a relevé sa recommandation de " neutre " à " achat ".Exception à la chute des valeurs technologiques, France Télécom reprend 1,91 % à 11,21 euros. Il s'agit de la plus forte hausse du CAC 40. Le groupe tient, à partir de 18 heures, un conseil d'administration extraordinaire pour tenter de résoudre le conflit qui l'oppose à l'allemand Mobilcom, dont il détient 28,5% du capital. Selon Les Echos, la récente dégradation de la notation financière de l'opérateur français par Moody's et S&P autorise les banques à exiger des paiements anticipés pouvant atteindre 2,1 milliards d'euros.Sur le SRD, les chutes sont nombreuses. Quelques exemples : Ubi Soft (-12,94 % à 14,06 euro), TF1 (- 7,91 % à 24,1 euros), Altran (-14,89 % à 25,32 euros) ou bien encore A Novo (- 22,95 % à 2,25 euros). Les hausses sont plus rares. Outre France Télécom, les plus fortes reviennent à Neopost (+ 1,54 % à 40,26 euros), Essilor (+ 1,92 % à 40,28 euros) et Altadis (+ 5,42 % à 22,57 euros).Olivier PinaudCopyright Invest
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