Frénésie obligataire

Les taux d'intérêt américains ont vraisemblablement atteint leur plancher. La reprise s'amorce, mais elle s'annonce timide et incertaine. Du coup, les investisseurs sont en quête de placements solides et sûrs. Autrement dit, tous les ingrédients sont réunis pour une véritable frénésie obligataire.Et les entreprises américaines ne s'en privent pas. GE Capital, la puissante filiale financière du conglomérat General Electric, a mis hier 11 milliards de dollars sur le marché, excusez du peu. C'est près de deux fois plus que prévu initialement (6 milliards de dollars) mais sensiblement moins que la demande suscitée (15 milliards). Une chose est sûre : GE Capital a désormais les moyens de "développer ses actifs", l'objectif avoué de l'opération, selon l'une de ses porte-parole.Tout le monde ne peut pas se vanter d'avoir le rating "AAA" de GE, première entreprise mondiale par sa capitalisation boursière. Mais cela n'a pas empêché le placement de près de 45 milliards de dollars de "corporate bonds" depuis le début de l'année. Weyerhauser, géant de la production de papier, a émis 5,5 milliards de dollars de titres, le groupe de télécommunications Sprint 5 milliards, la banque JP Morgan un milliard. Campbell Soup, Eli Lilly ou le fabricant d'équipement agricole John Deere font partie de ceux qui font actuellement la tournée des investisseurs avant d'émettre à leur tour plusieurs milliards de dollars d'obligations.Les marchés semblent apprécier. Ces derniers jours, les "corporate bonds" ont pris l'ascendant sur les bons du Trésor. Leur rendement est traditionnellement supérieur, mais cet engouement reflète aussi un retour de la confiance dans l'avenir des entreprises.Il reste à savoir si cette confiance sera payée de retour. Les 11 milliards placés par GE représentent la deuxième plus importante opération de ce genre pour une entreprise américaine. Le record, pour 11,9 milliards de dollars, est toujours détenu par WorldCom. Mais le groupe de télécommunications dirigé par Bernie Ebbers est sous le coup d'une enquête de la SEC et sa capitalisation boursière a fondu de 90% depuis son sommet de 1999.Un précédent qui fera assurément réfléchir, et encouragera le discernement.
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