France Télécom tente de calmer les esprits

France Télécom s'offre un peu de répit. L'action, qui a perdu lundi plus de 16% de sa valeur sur une dégradation de Moody's, effectue mardi un léger rattrapage en regagnant 1,92% à 10,60 euros.Mais ce sursaut pourrait bien n'être que temporaire. Car les doutes qui étaient évoqués hier ne sont en rien dissipés, notamment en ce qui concerne l'endettement. D'ailleurs, alors que le titre a gagné jusqu'à 7,2% en séance, S&P est venu limiter le rebond en dégradant à son tour la notation de la dette de l'opérateur. La dette à long terme passe ainsi de BBB+ à BBB et la dette à court terme de A-3 à A-2.La veille, Moody's avait abaissé de deux crans la note de la dette à long terme, indiquant que l'endettement ne serait probablement pas inférieur à 70 milliards d'euros à la fin de l'année et qu'il pourrait même atteindre 75 milliards. Surtout si le Français est obligé de prendre le contrôle de MobilCom, car l'endettement serait alors augmenté de 4 milliards d'euros. A ce titre, Gerhard Schmid, principal actionnaire de l'opérateur allemand, a déclaré qu'un accord sur sa participation pourrait être trouvé d'ici 2 à 3 semaines avec France Télécom.Par ailleurs, le désendettement passe par des cessions d'actifs et des conversions d'obligations. Or, France Télécom se trouve dans un cercle vicieux car la baisse du titre élimine ces hypothèses à court terme. Des difficultés qui ont récemment conduit Merrill Lynch à se montrer prudent sur le titre. L'intermédiaire estime que "les progrès dans le programme de réduction de la dette" sont "lents".Dès lors, le spectre d'un appel au marché a refait surface, notamment chez CDC-Ixis Securities qui a abaissé de 15 à 6 euros son objectif de cours compte tenu de la dette, des engagements et des charges pas encore comptabilisées. Le bureau d'analystes estime que désormais une augmentation de capital est inévitable avant d'envisager une hausse significative du titre.Ces anticipations ont d'ailleurs incité Bercy à réagir dès lundi soir. Comme il l'avait déjà fait il y a un mois, le Ministère de l'Economie et des Finances a réaffirmé qu'une telle opération n'est "pas nécessaire" et "pas à l'ordre du jour", arguant notamment que l'opérateur est parfaitement en ligne avec ses prévisions de cash-flow. La situation actuelle inquiète tout de même l'Etat, puisque le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, a déclaré mardi que "l'évolution du titre est préoccupante".Le groupe, par la voix de son PDG Michel Bon, a lui aussi réagi en dénonçant les attaques dont l'action est victime. "Lorsque le prix d'une entreprise diminue de 50% en quatre semaines, alors qu'il s'est produit fort peu de nouvelles pendant ce temps-là, c'est qu'il s'est passé quelque chose à l'extérieur de l'entreprise", a-t-il indiqué en ajoutant: "il y a une espèce d'attaque spéculative contre notre secteur". Comme le gouvernement, il a écarté l'éventualité d'une augmentation de capital sur laquelle semblent miser les fonds spéculatifs: "cela ressemble un peu aux attaques d'autrefois contre les monnaies. Pour ce qui est de France Télécom, je suis parfaitement tranquile. On reste calme et on attend". Pour le PDG du groupe français, "le temps des spéculateurs est beaucoup plus court que celui de France Télécom". Il a enfin exclu de démissionner, même en cas de poursuite de la baisse du cours de l'action.Quand à la dégradation de la dette, le directeur financier Jean-Louis Vinciguerra s'est dit "surpris" de cette décision et a accusé les agence de notation d'avoir une "vision à court terme". Les agences "ne comparent pas la dette avec l'Ebitda qui va atteindre 14 milliards d'euros cette année, puis 16, puis 18 milliards", a-t-il poursuivi. Le groupe compte notamment réduire ses dépenses d'investissement et "nous sommes confiants de pouvoir revenir à un ratio dette nette sur Ebitda à 3/3,5 à l'horizon 2003. A 2, 3 ou 4 ans, les ratios d'endettement vont s'améliorer et revenir à des niveaux raisonnables", a pronostiqué Jean-Louis Vinciguerra. Un optimisme qui est partagé par certains professionnels.Malgré le scepticisme apparent du marché, certains restent en effet convaincus du potentiel de France Télécom. Société Générale a récemment renouvelé sa confiance envers le groupe (voir ci-contre). Et de la même façon, Aurel-Leven juge très faible le risque d'une crise de liquidité, et ce pour quatre raisons: les cash-flow sont en croissance, le groupe peut réduire ses dépenses d'investissements, France Télécom ne doit pas affronter de refinancement dans l'immédiat et dans le pire des cas, il peut toujours céder des titres Orange.Par ailleurs, Aurel-Leven croit en un possible désendettement du groupe avant la fin de l'année, à 65 milliards d'euros contre 70 milliards attendus à la fin du premier semestre. Certes, le bureau est conscient que MobilCom pourrait peser sur les comptes, mais il estime aussi que des cessions devraient être possibles dès le second semestre.Entre conseils à l'achat et à la vente, les divergences d'opinions des analystes montrent en tout cas que l'on se trouve dans une situation de très faible visibilité. Un manque de clarté qui est encore plus manifeste au regard des objectifs de cours. Car si CDC-Ixis Securities évalue l'action à 6 euros, Aurel-Leven estime de son côté qu'elle en vaut 36. De quoi décontenancer l'investisseur...
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