Les bonnes résolutions des groupes du CAC 40 pour 2002

L'année 2001 restera certainement comme celle des profit-warnings et des déficits record! Les investisseurs n'oublieront pas de sitôt les pertes nettes de 13,6 milliards ou de 8,28 milliards d'euros enregistrées respectivement par Vivendi Universal et France Télécom. Mais plus qu'un véritable tassement d'activité, c'est surtout le jeu des écritures comptables qui a pesé sur les comptes (voir ci-contre): de nombreux groupes (comme Axa) ont ainsi délibérément "plombé" les résultats 2001 pour mieux préparer leur rebond en 2002. Cette année devrait donc être globalement celle du retour à la croissance pour les sociétés du CAC 40 qui, après la publication de leurs résultats 2001, ont fait part au marché de leurs perspectives pour les mois à venir.Certes, il est difficile d'établir des palmarès de prévisions, voire même de simples comparaisons, tant les communications financières sont disparates. Les indicateurs les plus regardés peuvent différer suivant les secteurs et certains groupes tendent à ne mettre en avant que les éléments qui leur sont les plus favorables (voir ci-contre). Néanmoins, il est possible de dégager quelques grandes tendances.Les prévisions basées sur les résultats nets. La première catégorie concerne ceux qui délivrent des prévisions de résultat net. C'est le cas de deux groupes de distribution. Carrefour ambitionne une hausse de 10 à 15% de son bénéfice net, tandis que l'objectif moyen pour les exercices à venir est de 20% chez Casino. Sanofi affiche quant à lui un pronostic de croissance de son résultat de 25%, mais il exclut les éléments exceptionnels et les écarts d'acquisition. Suivent des anticipations plus modestes. Saint-Gobain vise de 0 à 4% de hausse des résultats hors plus-values de cessions et Vinci attend un résultat stable. Enfin, les AGF voient une "inflexion" à la baisse de leur résultat, tandis que celui d'EADS devrait passer dans le rouge.L'alternative de l'opérationnel. Beaucoup plus plébiscités que le résultat net, les indicateurs opérationnels sont considérés comme largement plus révélateurs de la performance par la majorité des groupes - sans compter qu'ils sont souvent moins catastrophiques. C'est particulièrement vrai dans le secteur automobile. Ainsi, Peugeot attend, dans la division automobile, une marge opérationnelle représentant de 4,8 à 5% du chiffre d'affaires, contre 4,8% en 2001. Plus modéré, Renault espère simplement maintenir une marge positive. Du côté des équipementiers, Michelin table sur un résultat opérationnel compris entre 6,7 et 7,4% de son chiffre d'affaires (contre 6,6% en 2001). Fortement pénalisés par les éléments exceptionnels en 2001, nombre de groupes du compartiment des TMT basent également leurs prévisions sur l'opérationnel, notamment ceux qui ont enregistré les plus lourdes pertes nettes en 2001 : Vivendi Universal attend une progression de "près de 20%" de son résultat brut d'exploitation dans les médias, Alcatel ne donne pas de chiffre mais anticipe un retour à un bénéfice opérationnel en 2002 après les 361 millions d'euros perdus en 2001, et France Télécom table sur une croissance à deux chiffres de l'Ebitda (proche du résultat d'exploitation). L'opérateur devrait surtout tirer avantage de sa filiale Orange dont l'Ebitda est attendu en hausse de 30%. Viennent ensuite des groupes comme Dassault Systèmes (maintien de la marge opérationnelle à 30%), Lagardère (de 0 à 12% de hausse du résultat d'exploitation de la branche médias) ou TMM (croissance à deux chiffres du résultat opérationnel). Des groupes au profil plus traditionnel entrent aussi dans cette catégorie. Axa ambitionne d'améliorer de 20% son résultat opérationnel. Danone donne des prévisions de résultat net mais insiste surtout sur la hausse de 50 points de base (de 11,1% à 11,6%) de sa marge opérationnelle. En revanche, certains restent plus flous. LVMH parle d'augmentation significative du résultat opérationnel, tandis que Schneider ne vise qu'une légère augmentation de ce même indicateur.Thales représente quant à lui un cas un peu particulier, puisqu'il donne des prévisions branche par branche. Suivant les pôles, les pronostics vont de la stabilité à une hausse à deux chiffres.Primeur à l'activité. Comme Thales, Accor fournit des données par division. Mais elles concernent les revenus espérés. Le RevPar (revenu par chambre disponible) devrait ainsi croître de 0,3 à 3,6% selon les catégories d'hôtels. Quant aux services, leur chiffre d'affaires devrait gagner 10%. Parmi les autres groupes qui insistent sur leurs niveaux de chiffre d'affaires, TF1 attend une hausse de ses revenus de 10%. Bouygues, sa maison-mère, prévoit de son côté un chiffre d'affaires de 22,82 milliards d'euros, soit une hausse de 3,6%. Enfin, L'Oréal compte afficher en 2002 un taux de croissance interne comparable à celui de l'année précédente, soit 7,1%.Si, comme on l'a vu, les critères des sociétés du CAC 40 diffèrent très largement, celles-ci sont en revanche et dans leur grande majorité d'accord sur un point : le rebond ne devrait véritablement intervenir que sur la deuxième moitié de l'année, ce qui sous-entend une très faible visibilité jusqu'à l'été. Par conséquent, certains ne risquent pas à donner des pronostics précis pour l'année en cours. Des groupes muets. PPR est un cas emblématique puisque après son avertissement sur 2001, son président a déclaré ne plus vouloir donner de prévisions chiffrées. Il s'est simplement dit "confiant dans la capacité du groupe à assurer une croissance significative de sa rentabilité". De la même façon, Lafarge reste très vague sur ses perspectives, tout comme Air Liquide et le secteur bancaire (BNP Paribas, Crédit Lyonnais, Dexia et Société Générale). D'après un document interne que s'est procuré La Tribune, la Société Générale viserait tout de même une hausse de 10 à 18% de son résultat brut d'exploitation (voir ci-contre).Pâtissant d'une très faible visibilité, STMicro et Cap Gemini donnent quant à eux des chiffres d'un trimestre sur l'autre, et non sur l'année.Enfin, lorsqu'on manque de visibilité à court terme, la solution peut aussi résider dans des prévisions à plus longue échéance, via des plans couvrant plusieurs exercices. C'est le cas pour TotalFinaElf, Vivendi Environnement, Suez et Aventis, dont les pronostics peuvent aller jusqu'à un horizon 2005. Peut-être est-ce la meilleure formule pour éviter les profit-warnings à répétition...Olivier DecarreCe panorama des prévisions d'entreprises du CAC 40 ne tient pas compte d'Alstom qui sortira de l'indice le 3 avril, mais intègre Vinci son remplaçant. Il exclut également Sodexho, qui n'a pas encore publié ses comptes en raison d'un exercice décalé. Certains groupes basent leurs prévisions sur plusieurs indicateurs, mais c'est celui qui semble le plus significatif qui a été retenu.
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