Pas de vraie rentabilité pour les brokers en ligne avant 2004

Après l'euphorie de la bulle spéculative, le volume des transactions boursières en ligne a chuté en 2001. Ralentissement économique, fin des illusions sur la Net-économie, attentats aux Etats-Unis: les Européens ne se sont pas rués comme prévu sur leurs ordinateurs pour ouvrir des comptes en ligne. Le réveil a été brutal en 2001 pour tous les "brokers on-line", qui, seuls ou adossés à de grands établissements financiers, s'étaient lancés à l'assaut des internautes boursicoteurs.Les inquiétudes de l'après 11 septembre ont relancé un temps l'activité des comptes en ligne, sans pour cela inverser la tendance de long terme. "Dès le mois de décembre 2001, le marché à renoué avec l'attentisme. Le premier trimestre 2002 sera mauvais", explique un analyste. De fait, l'association Brokers On Line enregistrait en février une nouvelle baisse de 9,5% de l'activité quotidienne sur les comptes en ligne.En Bourse, les valeurs des brokers ont naturellement été attaquées. L'allemand DAB recule de 12% en un an. Consors, qui présentait le pire profil en termes de coûts, a perdu 39% en un an, avant de se reprendre de 12% depuis le début de 2002. L'action Comdirect a dévissé de 30% en un an. Quant à Fimatex, son titre a récemment été dopé par le rachat de Finance Net. Il ne perd que 5% sur un an et gagne 13% depuis le 1er janvier.Toutes ces difficultés ont conduit les acteurs du secteur à se regrouper, à devenir prudents sur leurs perspectives et à faire la chasse aux coûts.2001, l'odyssée des pertesLe numéro un des courtiers, l'allemand Comdirect (filiale de la Commerzbank), a enregistré en 2001 une perte avant impôts de 150 millions d'euros. Comme pour la plupart de ses concurrents, ce n'est pas tant le manque de clients que la dégradation des volumes de transactions opérés par chaque client qui a affecté l'activité (lire ci-contre).DAB, le numéro trois allemand, filiale d'HypoVereinsbank et acquéreur, fin 2000, de la société SelfTrade de Charles Beigbeder, a vu sa perte avant impôts monter à 229 millions d'euros en 2001. Un chiffre bien plus grave que ce qu'attendait la communauté des analystes. Frappé de plein fouet par la morosité des marchés actions (le nombre de transactions par compte a chuté de 21% alors que le groupe comptabilisait 30% de clients en plus par rapport à 2000), Direkt Anlage Bank a dû passer une charge exceptionnelle de 100 millions d'euros au titre de l'amortissement de SelfTrade.Fimatex, filiale de la Société générale, a creusé ses pertes en 2001 à 51,7 millions d'euros et veut ramener ses activités de courtage de 67% à 54% de son chiffre d'affaires. Enfin Consors a perdu 125,5 millions d'euros après impôts.Contrôle des coûts, diversification, consolidationDans un tel contexte, pas d'autre solution que de faire la chasse aux coûts. Le leader Comdirect fait figure de premier de la classe en la matière. Ainsi ses dépenses administratives n'ont augmenté que de 3 millions d'euros de 2000 à 2001. En 2002, Comdirect veut continuer sur sa lancée en se séparant de ses filiales française et italienne, déficitaires. Repositionné sur les marchés allemand et anglais, le broker allemand espère atteindre l'équilibre opérationnel cette année.DAB reste extrêmement prudent pour 2002. Le groupe table sur une perte de 30 millions d'euros et s'attend à ce que le nombre de transactions continue de chuter. Il veut diversifier ses revenus (lire ci-contre) et réduire ses coûts de structure de 20%.La SchmidtBank, actionnaire principal de Consors, qui gère près d'un million de comptes en Europe dont la moitié en Allemagne, entend céder au plus offrant les 64% qu'elle détient. Les noms de BNP Paribas, Société Générale, E-trade ou Comdirect ont été avancés, mais la BNP vient, semble-t-il, de rejeter le prix de 650 millions d'euros évoqué par la presse allemande.C'est une voie différente qu'a choisie Fimatex. En rachetant Finance Net pour 44 millions d'euros, la filiale de la Société Générale s'offre le leader français de l'information boursière en ligne, le site Boursorama. Une stratégie de diversification des revenus destinée à limiter l'exposition de Fimatex à la conjoncture boursière. Avec Finance Net, Vincent Taupin, le PDG du broker, espère certes convaincre une partie des 850.000 membres de Boursorama d'ouvrir un portefeuille chez Fimatex, mais il veut aussi réaliser en 2002 près de 9% de son activité en recettes publicitaires (lire ci-contre).Enfin le français Bourse Direct, qui doit annoncer ses résultats 2001 le 16 avril prochain, cherche toujours sa place dans le mouvement de consolidation, après les échecs successifs des discussions avec Etna Finance et Viel.Pas de rebond significatif avant 2004Réductions des coûts et restructurations ne porteront pas leurs fruits immédiatement. Un analyste estime que "les premiers bénéfices qui seront enregistrés en 2003 ne seront pas significatifs pour établir une valorisation des courtiers". Si Fimatex promet un retour à la rentabilité en 2003, l'expert interrogé pense que Bourse Direct est le Français qui a fait le plus d'efforts pour assainir sa situation, notamment en renforçant ses fonds propres. Les acteurs allemands, qui bénéficient du marché européen le plus large, doivent pourtant redoubler d'efforts pour réduire leur structure de coûts. Même si l'attentisme lié aux élections françaises peut prendre fin en mai et relancer un peu la machine, au final, les effets des restructurations et de la consolidation ne se feront pas sentir avant l'exercice 2004. En attendant, les spécialistes restent à l'écart de l'ensemble des valeurs du secteur.Pierre de Beauvillé
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