France Télécom rebondit malgré des craintes sur sa dette

Dans le mouvement de yo-yo observé depuis un mois à la Bourse de Paris, l'action France Télécom occupe une place de choix. De fait, on la retrouve souvent en tête des hausses puis des baisses. C'est de nouveau le cas ce vendredi. Profitant du rebond technique des marchés, elle se distingue en avançant de 12,34% à 13,84 euros en clôture, et ce alors même que S&P a dégradé de BBB à BBB- la dette à long terme de l'opérateur et de sa filiale Orange.Outre le rebond général des TMT, les investisseurs semblent ne pas être insensibles à l'actualité qui entoure le groupe. En premier lieu, le ministre de l'Economie et des Finances, Francis Mer, a réaffirmé dans un entretien aux Echos son soutien au groupe en cas de problèmes de financement et il a écarté l'idée d'une "renationalisation".La cession de TDF revient au premier plan. Un article du Wall Street Journal est également venu rappeler le dossier TDF au bon souvenir du marché. Le journal affirme en effet que le groupe va vendre sa filiale de télédiffusion dans les semaines à venir sur une base de 2 à 2,3 milliards d'euros. Un prix qui permettrait à France Télécom, qui ne vendra pas immédiatement la totalité du capital, de récolter environ 1,7 milliard. Rien de bien nouveau donc, puisque cette opération avait été annoncée en février dernier. Mais il semble que cela ait suffi à redonner un brin de confiance au marché.Il est vrai que ce dossier, que France Télécom souhaitait finaliser avant juin, semblait quelque peu au point mort. Et surtout, il avait été dit que les deux candidats à la reprise, la Caisse des Dépôts Equity Capital et Charterhouse, tentaient de faire baisser le prix de 2,1 à 2,3 milliards négocié initialement. Le fait que le Wall Street Journal parle toujours d'un prix de 2 à 2,3 milliards peut donc constituer une agréable surprise. Mais pour les professionnels, il est aujourd'hui très difficile de dire si ce prix reste d'actualité. "Nous avons très peu d'éléments et il n'existe pas de vrais comparables cotés", déplore un analyste parisien. Un autre spécialiste du secteur explique quant à lui qu'il est "évident que dans un contexte troublé les acheteurs tentent de faire baisser le prix. Il ne faut donc pas exclure un rabais pouvant aller jusqu'à 20%. Néanmoins, TDF offrant une activité stable, son prix peut résister mieux que le marché".L'endettement reste un problème. Mais d'une façon plus générale et selon les analystes, l'essentiel n'est pas là. C'est pourquoi certains se disent surpris de la réaction des marchés ce vendredi. Que France Télécom sauve quelques centaines de millions d'euros sur cette cession ne fera pas tout. Le groupe avait promis plusieurs cessions en début d'année et, pour certains, il serait surtout temps qu'elles se réalisent. Car l'endettement reste lourd. "Il faut procéder à des cessions même si les prix sont revus à la baisse", note l'analyste parisien . Néanmoins les cessions paraissent de moins en moins réalisables selon Standard & Poor's qui, compte tenu de l'état du marché, ne parle que de "faible probabilité" quant à la vente des 26,6% de Wind. Du coup, France Télécom semble loin d'être dans une position confortable.Fideuram-Wargny note, par exemple, que le sort de France Télécom dépend de "l'activisme du gouvernement" et que pour l'instant il n'y a pas eu d' "action tangible et officielle". Et même si "l'Etat français, qui détient 55% de l'opérateur historique, a clairement indiqué qu'il se comporterait en investisseur responsable et prendrait les mesures appropriées si France Télécom était confronté à des difficultés", le groupe "pourrait avoir des difficultés à refinancer la dette dont les obligations arrivent à échéance en 2003", note Standard & Poor's pour justifier la dégradation annoncée. Plus clairement, l'agence ne voit pas l'endettement baisser "à un niveau inférieur à 70 milliards d'euros dans les 18 prochains mois".L'appel au marché serait une solution. Dès lors, divers opérateurs estiment que France Télécom ne pourra échapper à une augmentation de capital. "Le marché s'est emballé sur des rumeurs de prêt de l'Etat ou d'émission obligataire garantie par l'Etat. Mais cela reste de la dette", observe Joël Raffin-Peyloz chez KBC Securities. Il considère également que les cessions envisagées (comme TDF, Wind, etc...), qui ne devraient pas permettre de générer beaucoup plus de 5 milliards d'euros au total, ne suffiront pas à sortir France Télécom de l'ornière. En revanche, "une augmentation de capital -de 10 à 15 milliards au moins- aurait le double effet d'alléger l'endettement et de renforcer les fonds propres du groupe, rendant ainsi sa valorisation beaucoup moins sensible aux aléas du marchés", précise-t-il.France Télécom reste en outre confronté à un problème qui dure depuis février. La sortie de Gerhard Schmid du capital de l'allemand MobilCom n'a toujours pas été négociée. Certes, ce dernier, qui voulait obtenir 22 euros par titre, a revu ses prétentions à la baisse. Mais il réclame encore un prix de 14,5 euros par action et surtout ne veut que du cash alors que France Télécom prévoyait de le payer en titres Orange sur la base d'un cours de 10 euros. L'opérateur français a rétorqué, jeudi, que le rachat des parts de Gerhard Schmid n'était pas à l'ordre du jour (voir ci-contre).
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