Les cordonniers les plus mal chaussés

Qui a dit que l'habit faisait le moine ? Ou qu'un géant mondial de la communication savait, par nature, communiquer ? Pas le marché, qui ne cesse de s'étonner des incroyables bévues de certains grands groupes de médias français cotés à Paris, professionnels de l'information, voire eux-mêmes conseillers en communication, mais incapables de s'adresser correctement aux investisseurs. Pointés du doigt, ce sont par exemple deux groupes du CAC 40, l'un franco-américain, au PDG hautement médiatique, l'autre présent par ailleurs dans l'aéronautique, qui ne daignent pas informer par avance le marché (analystes, journalistes financiers, actionnaires) de la date exacte de publication de leur chiffre d'affaires annuel, se contentant de rappeler l'obligation légale de l'annoncer avant le 15 février ! Raison invoquée: la multiplicité des filiales à consolider... Les autres groupes du CAC 40 et leurs concurrents y parviennent, eux, pourtant sans difficulté. Un comportement digne d'une "banale PME berrichonne du Second marché", s'insurge un gérant. Les chantres de l'interactivité ont du mal à mettre en pratique leurs beaux principes. Que penser d'une des principales chaînes de télévision commerciale, qui encourage son public à intervenir dans l'évolution de ses émissions, mais réduit la presse au mutisme lors de la présentation de ses résultats annuels, cantonnant les journalistes dans une pièce à l'écart des analystes, les contraignant à la passivité du spectateur ? "Vous allez tout voir", disait le slogan de Loft Story. Ce que nous daignerons vous montrer, fallait-il comprendre. Ces promoteurs de la pleine lumière, en réalité avares d'informations, sont passés maîtres dans l'art du parler pour ne rien dire. Ou comment le patron d'un grand groupe d'affichage prétend apporter des précisions sur la bonne marche de son activité au cours d'entretiens personnalisés se réduisant à une relecture mot à mot du communiqué ! Car la communication à tout crin se fait souvent au détriment de la qualité de l'information et du message, brouillé. Parader en patins à glace à Central Park dans la presse people n'a rien fait de bon pour le cours de l'action de Vivendi Universal, remarque par exemple un gérant. Si le marché ne déteste pas les paillettes, il ne goûte guère la poudre aux yeux. Et à trop s'exposer, on risque de se brûler les ailes.
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