"La crise de confiance engendrée par Enron n'a pas fini de produire ses effets"

La Tribune - Vous mentionniez à la Tribune le 6 décembre dernier l'affaire Enron comme facteur de fragilité de la Bourse. Qu'en pensez-vous aujourd'hui ?Jean-Pierre Petit - Il s'agit aujourd'hui d'une crise de confiance sur la transparence et la sincérité des comptes, qui aura également un impact sur la présentation des bénéfices 2002. Par ailleurs, cela ne peut que durcir à nouveau les conditions financières au niveau des banques et des marchés de dette. La médiatisation des faillites de grandes entreprises ainsi que les doutes légitimes sur la viabilité des fonds d'épargne retraite, sans parler d'éventuelles suites politiques fâcheuses (Enrongate) peuvent avoir un impact négatif sur la confiance des ménages. Cette crise ne se limite pas aux Etats-Unis, ni aux problèmes comptables. Elle concerne depuis plusieurs années la fiabilité de l'information financière et la qualité des contrôles. En 1998, cela concernait les chiffres annoncés en termes de réserves de change ou de l'endettement privé en Asie ainsi que la surveillance des hedge funds.Peut-il y avoir un soutien du marché au niveau des taux ?Même en cas de reprise molle, les taux longs ont toutes les chances de se tendre. Le dépassement du creux du cycle économique, la détérioration des finances publiques, le renforcement inévitable des anticipations de politique monétaire vont jouer dans ce sens. Au deuxième semestre, la légère remontée des anticipations d'inflation (effet de base moins favorable pour le pétrole à partir d'octobre 2002, reprise d'une certain dynamique des prix lorsque les perspectives de demande s'amélioreront,...), le retour d'un certain appétit pour le risque et les perspectives de reprise mondiale synchronisée pour 2003 devraient peser sur le marché obligataire. Et quid de la conjoncture ?La consommation fait preuve de résistance et il y a des signes d'amélioration graduelle de l'offre : redressement de la confiance des entreprises, moindre contraction du high-tech et niveau très bas des stocks. Mais cela n'a rien à voir avec une reprise auto-entretenue et ce d'autant que les déséquilibres de l'économie américaine n'ont pas été "purgés" au cours de cette récession. Le risque de "double creux" (après un rebond spectaculaire initié par les variations de stocks, l'économie américaine ralentirait soudainement) me paraît élevé.Propos recueillis par Christophe Tricaud
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