"Le syndrome de Microsoft guette Suez et Vivendi Environnement"

La Tribune.- Le secteur de l'eau a-t-il répondu aux attentes de votre fonds spécialisé?Hans Portner.- Depuis son lancement, en janvier 2000, notre fonds "Water", s'est adjugé 13% pendant que l'indice MSCI World enregistrait un recul de 17%. Les perspectives à moyen terme restent très favorables, car l'eau a été victime de sous-investissement pendant des décennies. A l'exception de la France, où le système d'affermage et de concession, associant les collectivités restant propriétaires des installations et des opérateurs privés en charge de l'exploitation, a fait ses preuves depuis le second empire. Cette performance satisfaisante a été obtenue en investissant dans quatre sous-secteurs. Notre exposition par rapport à ces derniers est aujourd'hui à hauteur de 48% dans les compagnies exploitantes ("utilities"), de 30% dans les équipementiers (membranes, stations d'épuration ...) -car les opérateurs doivent maîtriser au sein de leur groupe les solutions techniques-, de 15% dans les eaux minérales pourvu qu'elles représentent au moins le cinquième des ventes de la société (cela exclut Nestlé et intègre Danone) et de 17% dans le traitement des déchets.Pourquoi les déchets?Cette diversification répond à la même logique d'outsourcing que l'eau. Les installations demeurent propriété des industriels qui confient le service à des opérateurs externes. Toutefois le rythme de croissance de la gestion des déchets reste étroitement corrélé à celui de l'économie, avec une progression du marché de 3 à 4% par an. Dans l'eau, la consolidation du secteur va sensiblement accroître ce rythme de croissance. Pensez qu'aux Etats-Unis, il existe encore 56.000 opérateurs. Parmi ceux-ci il y a -comme dans la plupart des pays- beaucoup de collectivités locales qui n'ont pas les moyens d'investir ce qui est nécessaire. Quels sont vos principes d'investissement ? Nous appréhendons les flux futurs et nous attachons une grande importance au management. Nos principales lignes sont ainsi Suez (8% du portefeuille), Vivendi Environnement (7,6%), RWE (7%), American Water Works (5%) et Pall Corp (5%). Toutefois, nous sommes bien conscients des enjeux à long terme pour les deux leaders français qui devront trouver des réponses éthiquement acceptables lorsqu'ils détiendront le cinquième du marché mondial de l'eau. Sauf à ce que leur impérialisme supposé en fasse les prochains Microsoft.
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