Le temps presse, Monsieur Koizumi !

Existe-t-il encore une bonne raison d'investir à la Bourse de Tokyo ? Cette place qui au début des années 1990 fut la première du monde en termes de capitalisation boursière perd semaine après semaine de son aura auprès des investisseurs étrangers. Il n'est pas un stratège américain pour anticiper des perspectives favorables à l'investissement boursier sur l'Archipel, tandis que peu d'analystes européens osent franchement voler à son secours. On les comprend. Le Nikkei a abandonné 50 % depuis avril 2000 sans toutefois ouvrir la voie à une chasse aux bonnes affaires. Le ratio de capitalisation des bénéfices attendus en 2002 s'élève à 123 alors que celui du S&P 500 ne s'inscrit qu'à 21 et celui du CAC 40 à 20,7 ! Plus que partout ailleurs, les investisseurs sont devenus allergiques aux risques inhérents au marché boursier. Des risques qui sont multiformes au Japon: le premier ministre Junichiro Koizumi s'est pour l'instant montré incapable de réformer le système bancaire menacé par les créances douteuses, et les perspectives économiques du pays ne sont pas non plus souriantes puisque le produit intérieur brut nippon ne devrait progresser que de 0,7 % en 2002. Dans ce contexte, le marché attend avec impatience les mesures anti-déflation que doivent rendre publiques respectivement mercredi et jeudi le gouvernement et la Banque centrale. En effet, les investisseurs étrangers sont restés sur leur faim la semaine dernière, les réformes tant attendues n'ayant pas été annoncées à l'occasion de la visite de George W. Bush au pays du soleil levant. Et bien avant le séjour de " W ", leur capital de confiance était déjà entamé. Les étrangers, qui représentent 53 % de l'activité de la Bourse de Tokyo, ont été vendeurs nets d'actions pour 16 milliards de yens en janvier... au bénéfice notamment des marchés chinois et coréen, jugés plus prometteurs. Alors le temps presse, Monsieur Koizumi ! Car faute de réformes, Tokyo risque de devenir une place régionale dont la destinée laissera indifférente la communauté internationale, pour la bonne raison qu'elle se sera désengagée financièrement de l'Archipel.
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