"La Tribune".- L'enthousiasme récent des marchés vous paraît-il justifié ?Philippe Waechter.- L'environnement économique tend à s'améliorer. Les nouvelles sur les Etats-Unis (indices ISM), sur la zone euro (enquêtes IFO et Insee) et sur les pays asiatiques laissent anticiper une dynamique macroéconomique plus optimiste. Les perspectives de croissance s'améliorent dans un environnement non inflationniste et avec des politiques monétaires accommodantes. Si les doutes microéconomiques, qui ont perturbé les marchés financiers depuis le début d'année, n'ont pas disparu, ils sont progressivement compensés par l'amélioration des perspectives de croissance. Cette remontée des marchés ne préjuge en rien de l'ampleur de la croissance. Elle signifie simplement que la phase d'ajustement qui a caractérisé l'année 2001 s'achève et que les conditions sont réunies pour que la croissance s'améliore.Croyez-vous à la simultanéité de la reprise aux Etats-Unis et en zone euro ?Le ralentissement de l'activité européenne en 2001 trouve sa source dans la stagnation du commerce mondial engendrée notamment par la baisse spectaculaire des importations américaines. On sait que la conjoncture européenne est en phase avec le commerce mondial. La très faible croissance de celui-ci en 2001 a pénalisé l'activité. Aujourd'hui, le phénomène s'inverse. Ce climat plus porteur s'observe par l'amélioration des données américaines (sur les commandes par exemple) et par la meilleure orientation des données industrielles en Asie du Sud-Est (hors Japon). Si cet environnement continue de s'améliorer, la conjoncture européenne suivra. Ce qui implique que, probablement, la reprise en Europe sera proche dans le temps de celle des Etats-Unis.La reprise de la croissance sera-t-elle forte et durable ?La conjoncture est meilleure mais n'est pas sans risque notamment aux Etats-Unis où l'activité pourrait manquer un peu de relais au cours de la seconde partie de l'année. L'Europe devrait, dans un contexte de reprise du commerce mondial, voir sa croissance s'accélérer sensiblement à partir de cet été, car progressivement la demande interne prendra le relais.Propos recueillis par Christophe Tricaud