Débâcle boursière dans la téléphonie mobile

Par latribune.fr  |   |  660  mots
C'est une véritable débâcle boursière que subissent jeudi les opérateurs européens de téléphonie mobile. A Paris à la clôture, Orange cède 7,16% à 6,61 euros. Et outre-Manche, Vodafone plonge de 7,08% à 111,5 pence, tandis que mmO2 abandonne 11,48% à 54 pence, après avoir touché un plus-bas historique à 53,25 pence. Ces pertes sont d'autant plus significatives que le secteur avait déjà souffert les jours précédents. Ainsi sur le seul mois d'avril, Orange enregistre un repli de 15%. Ses concurrents britanniques ne sont guère mieux orientés puisque Vodafone et mmO2 ont respectivement lâché 13,5 et 20% sur la même période.Vodafone au coeur de la tourmente. Le groupe le plus discuté est certainement Vodafone. En premier lieu, les investisseurs s'attendent à ce qu'il procède à des dépréciations d'actifs. Depuis janvier 2000, le groupe a dépensé plus de 220 milliards d'euros en acquisitions. Or, la dévalorisation de ces actifs pourrait obliger Vodafone à ajuster ses comptes de 14 milliards d'euros. Mais c'est surtout Schroder Salomon Smith Barney (SSSB) qui a fait renaître les inquiétudes sur Vodafone et sur le secteur d'une façon générale. "Les gens sont inquiets à propos du secteur de la téléphonie mobile. Est-ce un secteur de croissance? S'il ne l'est pas, comment peut-il être valorisé?", s'est interrogé Robert Buckland, stratégiste de SSSB.Dans une étude sur Vodafone, les analystes de l'établissement estiment que le Britannique a pris une place tellement importante dans un marché à maturité que ses perspectives de croissance se réduisent. Du coup, le groupe commence, selon eux, à afficher le profil d'une société de service aux collectivités ("utilities"). Loin d'étonner les professionnels, ce point de vue est même appliqué à l'ensemble du secteur par certains. "Il n'y aucun espoir à court terme pour les télécoms (...). Le secteur des mobiles a ralenti et l'UMTS n'est qu'un château en Espagne. Ils [les opérateurs] doivent être assimilés à des 'utilities' et commencer à distribuer des dividendes", estime un analyste cité par Reuters.Le retour de BT. Concernant plus précisément le marché britannique, les opérateurs sont d'autant plus inquiets que BT Group a annoncé mercredi son retour dans la téléphonie mobile (voir ci-contre). Un renforcement de l'environnement concurrentiel qui a incité Williams de Broe à abaisser sa recommandation sur le titre Vodafone de "neutre" à "vendre". Mais avec l'arrivée de BT, c'est surtout mmO2 (séparé de l'ex-British Telecom) qui a le plus à perdre. Ce retour "apporte une nouvelle illustration du degré de concurrence du marché britannique et pour mmO2 il suppose de nouveaux défis", écrit Bear Stearns qui estime à 5% le manque à gagner chez mmO2. En outre, ce dernier pâtit d'un article du Guardian selon lequel un contrat de 1,5 milliard de livres signé avec la police britannique pourrait être remis en cause par le National Audit Office (équivalant de la Cour des comptes).Un effet de contagion. D'une manière générale et de l'avis des professionnels, ces difficultés particulières mettent bien en évidence un malaise général du secteur. Ce qui peut expliquer la chute de groupes, comme Orange, qui n'ont pas d'actualité particulière. D'ailleurs, les opérateurs de téléphonie mobile ne sont pas les seuls à reculer. Les groupes qui sont indirectement impliqués dans la téléphonie mobile via leurs participations subissent aussi des dégagements. C'est le cas de France Télécom (-5,64%), de Bouygues (-5,08%) ou encore de Deusche Telekom, qui contrôle T-Mobile et recule de 5,71%.Finalement, un seul groupe du secteur échappe au mouvement. Il s'agit de MobilCom, lequel avance de 4,35% à 15,60 euros, après avoir déjà gagné 14% la veille. Mais depuis mercredi, il est porté par des rumeurs, pourtant démenties par France Télécom, selon lesquelles les banques créancières candidates au rachat des parts de Gerhard Schmid seraient obligées de lancer une OPA (voir ci-contre).Olivier Decarre