Jours sombres pour les valeurs télécoms

Ces derniers jours ont apporté leur flot de mauvaises nouvelles sur le secteur des opérateurs télécoms aussi bien en France qu'en Europe et aux Etats-Unis. L'accumulation des déboires des grands leaders du secteur, de France Telecom à WorldCom en passant par l'anglais Vodafone, a un effet catastrophique sur les cours de Bourse de ces sociétés, sur fond d'attentisme économique et d'incertitudes sur la reprise de la croissance.Vodafone : -45% depuis janvierVendredi, l'opérateur britannique a été victime de la confusion qu'il a lui même provoquée en abaissant les prévisions de rentabilité de ses activités allemandes et italiennes, sans vraiment assumer ce "profit-warning" (lire ci-contre). A l'occasion du rachat des parts détenues par les actionnaires minoritaires de Vodafone AG, le géant britannique, tout en se défendant de toute "révision" de ses perspectives, a publié des chiffres prévisionnels en retrait par rapport à ceux évoqués ces derniers mois. Et surtout inférieurs aux attentes de la plupart des analystes. Une semaine auparavant, Vodafone D2 a annoncé avoir perdu 390.000 clients en Allemagne au premier trimestre, ramenant son portefeuille à 21,4 millions d'abonnés. L'action Vodafone est tombée à ses plus bas depuis quatre ans.France Télécom sous son cours d'introductionL'opérateur français historique se partage avec Vivendi Universal les médailles des plus mauvais résultats et performances boursières de toute l'industrie française. L'endettement record de France Télécom a déjà fait plonger l'action de près de 50% depuis le début de l'année. Les inquiétudes se portent désormais sur la téléphonie fixe : le chiffre d'affaires de l'activité "vache à lait" de l'opérateur a baissé de 4,5 % à 4,8 milliards d'euros au premier trimestre en raison de l'ouverture à la concurrence des communications locales. L'opérateur a perdu 11 points de part de marché en trois mois.De plus, les rumeurs concernant une prise de contrôle par France Télécom de l'allemand MobilCcom inquiètent les marchés (lire ci-contre). Ceux-ci craignent de voir grimper la dette, déjà colossale, de l'opérateur historique, avec pour toile de fond la faiblesse du marché allemand. France Télécom ne donne pas d'indication sur l'avancement de ce dossier, pour laquelle rien ne semble encore décidé. "Nous n'avons actuellement rien à annoncer. Nous continuons les discussions avec MobilCom et avec les banques et nous espérons aboutir à une solution dans les semaines à venir", explique simplement Jean-Louis Vinciguerra. Depuis plusieurs semaines, les banques allemandes sont pressenties pour reprendre la participation du PDG Gerhard Schmid avec la possibilité de la céder plus tard à France Télécom, qui détient déjà 28,5% de l'opérateur allemand.France Télécom, au plus fort de la bulle spéculative sur les valeurs TMT, en 2000, avait culminé à 219 euros. Vendredi 3 mai en fin de séance, le groupe démentait vouloir émettre des titres supplémentaires après l'élection présidentielle, en raison de son endettement massif. Introduite à 27,75 euros en 1997, l'action a baissé cette semaine sous les 24 euros, pénalisée en outre par l'affaire Worldcom.WorldCom, l'effet EnronL'américain WorldCom avait acquis le statut de géant à coups d'acquisitions, jusqu'à ce que les autorités antitrust mettent un terme à sa boulimie en censurant le rachat de Sprint. Le groupe est aujourd'hui victime du ralentissement économique, d'une taille devenue ingérable (lire ci-contre) et de la mégalomanie de son patron, Bernie Ebbers, auquel la société aurait prêté 341 millions de dollars pour lui permettre de couvrir ses opérations boursières risquées. Accusé de malversations par la SEC (la COB américaine), Bernie Ebbers a dû se résoudre à abandonner son poste. Trop tard pour l'actionnaire : la valeur boursière de WorldCcom s'est effondrée de plus de 84% depuis le début de l'année.Après le traumatisme de l'affaire Enron, les soupçons qui pèsent sur WorldCom dissuadent les fonds américains d'investir sur le secteur. En Europe, France Télécom, mais aussi Telefonica, KPN et Deutsche Telekom, en ont fait les frais.Suivant la tendance hostile des fonds d'arbitrages de Wall Street, les gérants français et européens se détournent du secteur. L'indice sectoriel DJ Stoxx des télécoms a chuté de 34% depuis le début de l'année, et de 9% en une semaine. Le directeur de l'analyse d'une grande banque française soupirait vendredi : " aujourd'hui toutes ces sociétés ne sont pas chères, mais rien ne nous donne envie de les faire acheter à nos clients".
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