Chers premiers de la classe

A première vue, l'équation semble doublement gagnante. Lorsque TotalFinaElf, de très loin la première capitalisation française puisqu'elle représente à elle seule plus de 15% du CAC 40, fait mieux que tous ses concurrents, grands majors européens et américains en limitant l'impact de la baisse des cours du pétrole, et bénéficie en plus d'un redressement spectaculaire de ce même prix du brut, au plus haut depuis un an, on serait en droit de rêver d'un formidable effet d'entraînement sur toute la cote parisienne. Et qui plus est quand, au même moment, son brillant second, l'inusable L'Oréal, propulse ses marges à un nouveau zénith. Mais il faut bien sûr ajouter un certain nombre de bémols à ce scénario idyllique. D'abord, le brut revient de loin et les résultats de Total, comme son cours (-10% depuis janvier) portent la marque de cette volatilité. Et cette flambée du brut, sur fond de bruits de bottes, n'est pas sans susciter de multiples inquiétudes. Ce qui est bon pour Total ne l'est pas forcément pour l'économie française et mondiale. Ensuite, lorsque l'on se paie 37 fois les bénéfices de l'exercice en cours comme L'Oréal, même lorsqu'on dépasse les attentes et écrase de sa superbe ses concurrents, l'adage selon lequel "ce qui est rare est cher" ne suffit pas à justifier une fulgurante revalorisation. L'Oréal a certes cinq fois moins baissé que le CAC 40, mais il affiche un recul de 6% depuis le début de l'année. Or, bien que des valeurs traditionnelles globalement sans histoire (pharmacie, distribution, agro-alimentaire, etc.) représentent près des deux tiers de la pondération de l'indice phare de la place parisienne, les technologiques, notamment les stars déchues des TMT, continuent d'orienter le sentiment, négatif, sur le marché.Si Vivendi Universal, ex-numéro deux, relégué au seizième rang des capitalisations parisiennes, n'a pour une fois pas remporté la palme des chutes hebdomadaires (+3,12%), c'est France Télécom (-12,23%), tombé en moins de deux ans du premier rang au dix-huitième, qui a une fois de plus fait subir ses déboires au marché. L'ex-valeur chérie des petits porteurs, qui devrait annoncer une perte historique pour le premier semestre cette semaine et pourrait perdre son président, cristallise la crise de confiance qui plombe les marchés et renforce le sentiment général des investisseurs qu'il n'y a décidément rien à attendre de bon en ce moment de la Bourse.
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