France Télécom précise son plan de désendettement

Le niveau des dépréciations d'actifs attendu chez France Télécom faisait débat ces derniers jours chez les analystes, les estimations allant de 5 à 12 milliards d'euros. Finalement ce sont 10,21 milliards d'euros qui auront été comptabilisés en provisions par l'opérateur français. Le but de ces écritures est de ramener la valeur comptable des actifs (inscrite dans les comptes) à un niveau plus proche de leur valeur de marché. Les actifs concernés par cette mesure sont le câblo-opérateur NTL (4,58 milliards d'euros), MobilCom (3,19 milliards d'euros), les CVG (certificats à valeur garantie) d'Equant (2,08 milliards d'euros) ainsi que Telecom Argentina (360 millions d'euros).Une perte historique. Logiquement pénalisé par le niveau de ces dépréciations, France Télécom, comme Vivendi Universal quelques jours plus tôt, a vu son résultat net passer dans le rouge. Il est ressorti à -8,28 milliards d'euros, soit la première perte du groupe. Un an plus tôt, France Télécom avait dégagé un résultat net de 3,66 milliards d'euros.Si l'on exclut les provisions exceptionnelles, le résultat net reste positif de 1,93 milliard d'euros. D'ailleurs, sur un plan opérationnel, le groupe a fourni des chiffres tout à fait satisfaisants et conformes aux attentes. Le résultat opérationnel a gagné 7,1% à 5,2 milliards d'euros et l'Ebitda a progressé de 14% à 12,32 milliards d'euros. La croissance de ces résultats a notamment été tirée par les activités mobiles puisque la filiale Orange a vu son Ebitda passer de 1,76 à 3,29 milliards d'euros entre 2000 et 2001 (voir ci-contre).Réduire la dette. Outre les résultats, le groupe était également attendu sur son endettement, un sujet qui préoccupe le marché depuis plusieurs mois. A fin décembre, ses dettes représentaient un montant de 60,7 milliards d'euros, contre 64,9 milliards d'euros en juin 2001. Et le groupe a annoncé les grands axes de son plan de désendettement. En premier lieu, France Télécom insiste sur son cash flow, qui devrait représenter 14 milliards d'euros entre 2002 et 2005. Il va également poursuivre les cessions d'actifs non stratégiques (autocontrôle, TPS, etc...). De quoi récolter environ 9 milliards d'euros. Enfin, de nouvelles cessions d'actifs non cotés ont été programmées. Il s'agira notamment de TDF et de Wind (dont France Télécom détient 26,6%). Ces ventes devrait lui rapporter environ 8 milliards d'euros. Du coup, le groupe ambitionne de ramener sa dette entre 44,8 et 58,3 milliards d'euros fin 2003 et entre 33,2 et 49,7 milliards d'euros fin 2005.France Télécom a également fait le point sur un domaine que le marché regarde désormais avec attention: le hors bilan. Lors de la conférence de presse de présentation des résultats, il a chiffré son "risque hors bilan maximum" à 17,1 milliards d'euros.Pour l'avenir le groupe se veut confiant. Les mesures qui ont été prises et celles qui sont envisagées vont permettre de "retrouver une structure de bilan plus équilibrée à fin 2003". Par ailleurs, "les perspectives de France Télécom pour l'exercice en cours s'annoncent favorables", souligne le communiqué du groupe, sans fournir de prévision de résultat chiffrée. Michel Bon, le PDG, a toutefois souhaité rassurer le marché en indiquant : "nous ne nous préparons pas à annoncer des pertes l'année prochaine [pour les comptes 2002: NDLR]".Litige persistant avec MobilCom. Enfin, en ce qui concerne MobilCom, qui a publié jeudi matin une perte d'Ebitda de 65,5 millions d'euros, contre +11,36 millions en 2000, Michel Bon a dénoncé les "gesticulations" de son président, Gerhard Schmid (actionnaire de MobilCom à hauteur de 40%). Depuis février, un litige oppose MobilCom à France Télécom (propriétaire de 28,5% des titres) à propos du financement de l'UMTS en Allemagne. Un différend qui a donné lieu mercredi à de nombreuses spéculations (voir ci-contre). La société allemande a confirmé jeudi matin que Gerhard Schmid veut exercer une option de vente à France Télécom de 33% du capital de son groupe. Mais France Télécom a immédiatement rejeté cette option, estimant que toutes les conditions pour son exercice ne sont pas réunies. Un peu plus tard, MobilCom a lancé une nouvelle flèche en direction de son partenaire en indiquant que son avenir serait compromis si France Télécom ne respectait pas ses engagements de financement. Gerhard Schmid a ajouté que le différend avait déjà coûté des clients à sa société. Il a alors appelé France Télécom à soutenir les investissements ou à racheter la société. Mais avant de prendre une décision, l'opérateur français veut connaître les conclusions d'un rapport d'audit qui doit notamment fournir des précisions sur les conditions d'achat de 5% du capital par Madame Schmid (elle détiendrait au total 10,2% des titres). "La situation est assez complexe. Pour nous, le point capital (...), c'est que nous voulons avoir le coeur net sur cette affaire d'achat d'actions par son épouse. C'est très difficile de faire du partenariat, des affaires avec quelqu'un qui, peut-être, a fait acheter avec l'argent de la société des actions par son épouse", a expliqué Michel Bon dans la matinée.Selon Gerhard Schmid, le rejet de l'option par France Télécom entraîne un processus de médiation qui pourrait durer "des jours, des semaines ou des mois". En début d'après-midi, Graham Howe, le directeur financier d'Orange, a néanmoins tenu à se montrer optimiste, estimant qu'une solution négociée était "probable". Une autre issue avait été envisagée dans un premier temps: le rachat par les banques créancières de la participation de Gerhard Schmid. Mais celui-ci a répondu que pour l'heure aucun établissement ne l'avait contacté.Suite aux nombreuses spéculations qui l'ont entouré, le titre France Télécom a gagné mercredi 5,64% à 32,80 euros, entraînant dans son sillage l'action Orange, qui de son côté s'est octroyée 4,62% à 7,70 euros. A Paris, jeudi, l'action France Télécom a poursuivi sa hausse en avançant de 1,52% à 33,30 euros en clôture.latribune.f
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.