Cryo victime du syndrome Kalisto

Dans l'univers impitoyables de l'édition de jeux vidéo, y a-t-il une place pour la French Touch ? A considérer les mésaventures de l'éditeur-développeur bordelais Kalisto, victime de son business-model, et maintenant du spécialiste de jeux d'aventures Cryo, la réponse est non.Le petit éditeur Cryo, spécialisé dans les jeux d'aventures culturels, les univers persistants et les franchises franco-françaises (Atlantis,Versailles, Venise, Egypte, Dune, Zorro, Astérix et Obélix, Zidane, les Incollables...), s'est déclaré mercredi 3 juillet en cessation de paiement, ainsi que sa filiale de jeux en ligne Cryonetworks, après avoir demandé le report de son assemblée générale et la suspension de cotation de ses titres."Constatant l'échec des négociations avec ses principaux créanciers dans le cadre d'un projet de recapitalisation du groupe, le conseil d'administration de Cryo a décidé de déposer au tribunal de commerce la déclaration de cessation de paiements de la société", déclare le groupe dans un communiqué. Les créanciers ont semble-t-il jeté l'éponge alors que Cryo indiquait vendredi poursuivre "ses démarches aux fins de restructurer sa dette bancaire et de financer son plan de développement 2002-2003."Depuis des mois, la société de Jean-Martial Lefranc lutte pour sa survie. Malgré une opération de restructuration majeure qui l'a conduite à retirer sa filiale Cryonetworks de la cote via une OPE, six mois après son introduction, tout en se séparant de 20 % de ses effectifs (lire ci-contre), la société a réalisé une perte nette de 16,5 millions d'euros en 2001 contre un bénéfice de 10,6 millions en 2000 (lire ci-contre).Alors même qu'un géant grand public comme Infogrames suscite des inquiétudes sur sa survie, la niche sur laquelle était positionné Cryo ne lui a pas permis de générer assez de cash pour survivre. Ses jeux, longs et chers à développer comme tous les jeux, recevaient certes un accueil honorable en termes de considération technique, culturelle et artistique, mais les ventes ne suivaient pas. La filiale Cryonetworks avait fait de son côté le pari des jeux multijoueurs persistants sur Internet, rémunérés par abonnement. Un modèle risqué alors que les connexions haut débit sont encore peu courantes en France et en Europe et que même les leaders mondiaux ont renoncé à gagner de l'argent avec ce système (Sony avec Everquest et Electronic Arts avec Ultima Online). Cryonetworks misait aussi beaucoup sur la technologie de développement SCOL qui n'a pas connu le succès escompté.Si la société est mise en liquidation judiciaire, ce sera la fin d'une nouvelle histoire sur le Nouveau marché, après Kalisto qui a déposé son bilan en février dernier. Au plus fort de la bulle TMT de l'année 2000, l'action Cryo valait près de 60 euros. Depuis le début de l'année 2002, la descente aux enfers de l'action a été inexorable, de 6 à 1 euro.Pour autant, Fideuram Wargny reste confiant sur la capacité de Cryo à rebondir. Selon les analystes, la société pourrait être mise en redressement. Ils rappellent que la dette du groupe et d'environ 40 millions d'euros et que Cryo dispose de deux actifs à vendre, l'éditeur/distributeur américain Dreamcatcher (chiffre d'affaires 22 millions d'euros) et sa filiale accessoire TAC (chiffre d'affaire de 5 millions d'euros).
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.