Les experts désemparés par la débâcle boursière

La dégringolade des marchés ne manque pas d'entraîner de vives réactions de la part d'économistes et de spécialistes des marchés. Les analystes de sociétés en ligne de mire comme Vivendi Universal ou France Télécom se refusent, pour l'instant, à commenter les attaques dont leurs valeurs sont la cible.Marc Touati, le chef économiste de Natexis Banques Populaires, souligne pour sa part que la débâcle boursière actuelle est "excessive comparativement aux fondamentaux économiques. Elle est auto-entretenue par une forte défiance et une attaque spéculative de grande envergure." De plus, selon lui "cette chute dans le vide risque à moyen terme de déteriorer la situation financière de certaines institutions, voire de générer des faillites de courtiers en Bourse". Et l'économiste de discerner, dans la fièvre vendeuse actuelle, la prophétie marxiste de l'autodestruction du système capitaliste, rien de moins.Pour un responsable de la gestion de portefeuille comme Christophe Besson, directeur de la gestion action au Crédit Mutuel, interrogé par latribune.fr, ces temps incertains sont propices à une stratégie de stock-picking sélectif. "On n'a même plus à choisir entre valeurs spéculatives et valeurs défensives, puisque tout baisse. Il y a des paris à faire sur le retour à la confiance sur des valeurs emblématiques." Pour Christophe Besson, il faut se poser la question "Combien de temps pourrai-je supporter l'absence de confiance sur mes titres ?" et sélectionner pour le long terme des valeurs représentatives de leurs marchés, telles que Vivendi Universal, France Télécom... "C'est ce que nous proposons à nos clients en ce moment, nous vendons des univers de références", explique le gérant de portefeuilles et de sicav.Sur ces deux valeurs particulièrement emblématiques et massacrées, peu d'experts se hasardent, en ce moment, à parler. Marc Touati s'indigne de la sévérité démesurée des attaques sur ces groupes: "Est-il normal de dégrader France Télécom au rang de "société au bord de la faillite", alors que l'Etat français détient plus de 50% de son capital ?", demande-t-il, tout en invitant les dirigeants des entreprises à faire preuve de plus de transparence et de franchise.Car c'est bien le scandale WorldCom (lire ci-contre) qui plonge les marchés dans le noir, infectant la plaie déjà ouverte par l'affaire Enron. Sur le site américain spécialisé CBS Marketwatch, le journaliste Mike Tarsala s'emporte: " Le management d'Andersen (grand cabinet de conseil ayant réalisé les audits de WorldCom... et poursuivi dans l'affaire Enron, ndrl) plaide que les dirigeants de WorldCom ont fait de la rétention d'information lors du processus d'audit. Bien évidemment, nous sommes censés croire qu'Andersen, qui a effacé les fichiers d'Enron, dit la vérité !"Au sujet de la transparence, Christophe Besson martèle: "On attend plus d'explications sur les engagements hors-bilan et sur les modalités d'acquisition. Lors des acquisitions, opérations de plus en plus complexes, nous aimerions plus entendre les directeurs financiers, et qu'ils nous parlent d'autre chose que de stratégie". Marc Touati ne dit pas autre chose quand il explique: "Il faut que les entreprises, les auditeurs, les analystes ou encore les dirigeants politiques cessent de maquiller la réalité en fonction de ce que veulent entendre leurs interlocuteurs."L'ensemble des experts s'accorde à dénoncer le décalage inédit entre la psychologie, à fleur de peau, des investisseurs et les perspectives macro-économiques, plutôt bonnes.En attendant plus de transparence et un retour à la raison sur les marchés, les analystes d'Aurel Leven concluent ainsi leur note quotidienne : "Tout ceci n'est pas de bon augure et pour ceux qui attendaient un rallye haussier au début de cet été, les choses sont mal parties."
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